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Que la charité émeuve tes entrailles

Lire l’évangile du dimanche XXXI du temps ordinaire  (Mc 12, 28b-34)

Toute la loi divine est résumée dans ce commandement que le Seigneur vient de rappeler à ce scribe de l’évangile, ce grand commandement qui est double, comme les deux faces d’une même médaille.

Double et inséparable, il est impossible donc de vivre le premier et ne pas pratiquer le deuxième. Mais malheureusement, nous constatons et en nous-mêmes, hélas ! le peu que nous aimons Dieu, si nous regardons parfois la façon dont nous aimons nos prochains. Selon une expression de la sainte carmélite, Bénédicte de la Croix, connue aussi par son nom de laïque, Sainte Edith Stein : « L’amour au prochain est la mesure de notre amour pour Dieu ».

Quelqu’un a dit que « le chrétien entre dans l’église pour aimer Dieu et sort de l’église pour aimer le prochain », cette expression est vraie mais nous devons aussi dire que soit dans l’église comme dehors, nous devons pratiquer ces deux amours comme une seule réalité.

Par rapport à l’amour que nous devons avoir pour Dieu, rien de meilleur que l’école des Saints, chaque vie peut nous faire découvrir comment pratiquer l’amour de Dieu.

« Comment se peut-il, dit saint Philippe Néri, que celui qui croit en Dieu puisse aimer autre chose que Dieu ? »

C’est une vérité proclamée par Saint Jean, évangéliste dans sa première lettre, si nous pouvons aimer c’est parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Et saint Bonaventure dit aussi que « cet amour de Dieu est comme le miel qui adoucit les choses les plus amères dans cette vie ».

L’amour de Dieu se traduit en nous en ses bienfaits que nous recevons de Lui, les choses qu’Il nous donne : « Dieu, écrit saint Augustin, désire plus de nous faire du bien que nous ne désirons, nous de le recevoir ».

L’amour de Dieu est accessible à tous, facile à obtenir : Un homme pauvre aimera les richesses, mais  pour la seule raison de les aimer, il ne possédera point les richesses. Un autre désirera être roi, mais le seul désir ne pourra jamais lui donner un royaume dans ce monde. Par contre, celui qui aime Dieu, possède Dieu, car Dieu aime ceux qui l’aiment et Il demeure en celui qui est uni à Lui par l’amour (cf. Jn.4,16). Un saint disait aussi que « c’est par l’amour que le pauvre devient riche ; mais sans l’amour le riche est pauvre ».

La deuxième partie de ce grand commandement c’est comme dit le Seigneur, l’amour pour notre prochain, pour chaque être humain.  Nous découvrons, suivant saint Thomas, 4 motifs ou raisons qui nous portent à aimer nos proches :

Le premier c’est l’amour divin. Car, saint Jean dit (1 Jean 4,20) : « Si quelqu’un aime Dieu et haït son frère est un menteur ». En effet, on ne peut pas aimer une personne et en même temps détester l’enfant ou un membre de cette personne. Alors nous sommes tous enfants de Dieu et membres du Christ, selon saint Paul (1 Cor. 12,27) : « vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps ».

La deuxième raison c’est un précepte divin, une loi de Dieu. Au moment de quitter ce monde, parmi  les autres préceptes, Il a prescrit comme le principal  celui-là à ses disciples (Jn. 15,12): « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Celui donc qui détesterait son frère, n’accomplira pas ce précepte de Jésus. C’est en plus, le signe de notre appartenance à Jésus, en cela nous nous montrons comme ses disciples (Jn.13,35) :  « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. ». Il ne dit pas que cela se montrera dans la résurrection des morts, ni dans le fait de faire d’autres miracles, le signe sera dans l’amour que nous avons les uns pour les autres.

Le troisième motif, c’est par participation de la même nature. Comme dit le livre de Ben Sira, le sage (13,19): « Tout animal aime son semblable et tout homme, son pareil ». Haïr le prochain ne va pas seulement contre la loi divine, mais aussi contre la loi de la nature.

Quatrième motif c’est la poursuite d’une utilité. Nous nous servons entre nous en vue de la charité. C’est la charité qui fait l’union dans l’Eglise et fait toutes les choses communes.

Une deuxième réflexion sur l’amour au prochain.

Il est intéressant pour nous de voir comment nous devons aimer le prochain. La façon de l’aimer est aussi prescrite par Notre Seigneur ; Il ne dit pas d’aimer son prochain comme Dieu, Il dit comme toi-même. Cela mérite aussi une explication : de quelle manière cela se fait-il ? Qu’a a voulu dire par là le Seigneur ? Saint Thomas d’Aquin remarque qu’il y a 5 aspects à considérer.

Le premier, nous devons l’aimer vraiment (en vérité) comme nous-mêmes.  Il faut remarquer qu’il y a trois amours, dont deux ne sont pas vrais. Le premier c’est un amour par utilité, selon ce qui dit le livre de Ben Sira 6,10 : « Il y a celui qui est ton ami pour partager tes repas, mais qui ne reste pas avec toi au jour de ta détresse ». Evidemment, cela n’est pas un véritable amour, car il s’en va lorsque le profit disparait. On n’aime pas le prochain, mais on aime plutôt un bien qui soit utile pour soi. Il y a un autre faux amour, qui procède du plaisir. Je n’aime pas la personne, j’aime le bonheur sensible qu’elle peut me donner avec sa présence, c’est le faux amour qui prend l’autre comme un objet. Et il y a le troisième amour, celui qui seul est vrai et procède de la vertu. Dans notre amour pour le prochain, nous ne cherchons rien pour notre bien, sensible ou matériellement, mais pour le sien.

Deuxième aspect, nous devons aimer le prochain de façon ordonnée. Nous ne pouvons pas l’aimer au dessus de Dieu, mais à notre niveau. C’est ce que nous a enseigné le Seigneur Mt. 10, 37: »Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ».

Le Troisième, nous devons l’aimer de façon efficace. Nous-mêmes, nous nous aimons et pour cela nous cherchons le bien pour nous et nous évitons les maux, il en sera de même pour nous frères I Jn 3, 18 : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ». Rom 12, 9: « Que votre amour soit sans hypocrisie ».

Le Quatrième, nous devons aimer notre prochain avec persévérance. Prov.17, 17: « On a des amis en tout temps, mais un frère est là pour le temps de la détresse ». Il faut aussi savoir que deux vertus aident à l’amitié selon Dieu, la patience et l’humilité, elles sont liées car l’orgueilleux qui se magnifie lui-même et méprise l’autre, ne peut pas supporter ses défauts.

Le Cinquième, nous devons aimer nos amis, justement et saintement, de sorte que nous ne les aimions pas pour pécher, parce que nous non plus, nous ne devons pas nous aimer pour faire des péchés, car de cette manière nous perdrions Dieu.

Cherchons toujours à aimer le prochain d’un amour vrai et parfait, d’un amour pur et sincère.

Nous allons conclure avec ces belles paroles de saint Augustin : « Si tu n’es pas encore capable de mourir pour le prochain, sois déjà au moins disposé à partager ton bien avec lui. Que la charité émeuve tes entrailles ‘Que m’importe, me diras-tu ? Irai-je donner ma fortune pour le préserver d’embarras ?’ Si ton cœur te répond de la sorte, l’amour du Père ne se trouve pas en toi, et si l’amour du Père ne se trouve pas en toi, tu n’es pas né de Dieu. Comment alors te glorifier d’être  chrétien ? Tu en as le nom, mais tu n’en mènes pas la conduite ».

 Ayons donc toujours le nom et la conduite d’un bon chrétien ! Que Notre Dame nous donne cette grâce.

P. Luis Martinez

Institut du Verbe Incarné

Fête de la Dédicace de la Basilique du Latran

En 312, l’empereur romain Constantin, qui venait de se convertir au christianisme, donna au pape Miltiade le palais des Laterani sur le mont Coelius, à Rome, et y fit construire peu après une église, la basilique du Latran. Celle-ci fut consacrée en 324, et devint l’église du pape en tant qu’il est l’évêque de Rome. Elle l’est restée jusqu’à aujourd’hui. Car la cathédrale de l’évêque de Rome, le pape, n’est pas la Basilique de Saint-Pierre, comme beaucoup le croient, mais la basilique du Latran. Et en tant que l’évêque de Rome est aussi le pasteur suprême de l’Eglise catholique, son église est en quelque sorte la « Mère et tête de toutes les églises », comme le dit l’inscription au-dessus du portail de la basilique. Célébrer la dédicace du Latran, c’est-à-dire sa consécration officielle, est donc une manière de célébrer l’unité de l’Eglise catholique dont elle est le symbole.

Source: www.notredamedeparis.fr

Saint Jean de Latran

Sermon de Saint Augustin pour une dédicace

La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.

Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce quiLatran se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.

Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.

Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres. C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.

Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière. On disait alors : un chant nouveau ; le Seigneur a dit : un commandement nouveau. Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.

Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.

Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre cœur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien, c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.

Source: Liturgie des Heures – Commun de la Dédicace
 
On peut aussi consulter:
http://www.blogcathedraletunis.com/2014/11/la-dedicace-de-la-cathedrale-de-latran.html