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Le combat contre les tentations du diable

Homélie pour le Premier dimanche du Carême, année A.

Nous sommes au début du temps de Carême, qui est le temps liturgique le plus fort, le plus marqué de l’année chrétienne.

Comme vous le savez, le Carême implique une préparation consciente à la célébration liturgique de l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité, c’est-à-dire, la Mort et la Résurrection de Jésus-Christ.

Cette préparation a un caractère clairement pénitentiel à cause de ce qui a motivé la Passion du Christ : nous sauver de nos péchés. Jésus a pris sur Lui la peine de nos fautes : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous » (Is 53, 4-6). C’est pourquoi il est tout à fait juste d’unir nos sacrifices volontaires à sa Passion : pénitences, privations, actes de miséricorde, prières, etc. Saint Paul dit : « ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église » (Col 1, 24).

Dans ce contexte, l’Eglise nous présente ce dimanche l’histoire des tentations du Christ dans le désert. D’abord, parce que les quarante jours de Carême ont leur source dans les quarante jours que Jésus a passé dans le désert. Et parce que Jésus fut tenté lors de son séjour au désert, nous devons aussi être tentés dans notre vie. Pour cela l’Eglise veut nous en avertir et nous y préparer.

Mais il y a encore une autre raison, plus profonde. La Rédemption de Jésus implique la victoire sur le démon et sur la conséquence de son action : le péché. Jésus a vaincu, sur la Croix, tous nos péchés. Ainsi donc toute la préparation à la Pâque doit être principalement un combat contre les péchés. Donc tous nos sacrifices ont un sens s’ils servent à enlever l’affection du péché dans notre cœur.

Voilà la raison pour laquelle Jésus a voulu être tenté au désert. Bien sûr Il n’avait pas besoin d’être tenté, mais Il voulait nous donner un exemple. Il veut nous apprendre à combattre les tentations.

Comme nous pouvons voir dans le passage évangélique, le démon tente le Christ trois fois, de trois façons différentes.

L’apôtre saint Jean parlera de trois convoitises dans le monde : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie » (1Jn 2, 16). Tous nos mauvais désirs, toutes nos tentations, d’une certaine manière, se résument en ces trois convoitises. Et le Christ nous enseigne comment vaincre les démons en toutes ces circonstances.

Convoitise de la chair, c’est tout ce que nous recherchons pour notre bien-être ou notre confort : les choses extérieures, qui nous rendent heureux ou tristes, que nous les ayons ou non ; ou nous rendent jaloux si quelqu’un d’autre les possède. Dans toutes ces choses, il faut nous soumettre à la Parole de Dieu.

Convoitise des yeux, elle fait référence au fait de vouloir voir ce qui attire notre regard et vouloir être vu, c’est-à-dire le désir de se faire remarquer, d’être considéré. C’est tout ce qui nous pousse à vouloir être reconnus, à vouloir être estimés des autres, à fuir le mépris et l’humiliation, à ne pas vouloir imiter le Christ, comme dit saint Ignace, qui a été « premier à être regardé comme un homme inutile et insensé, plutôt que passer par un homme sage et prudent aux yeux du monde » (ES, 167).

L’orgueil de la vie, c’est l’amour que nous gardons pour nous-mêmes. C’est quand nous nous mettons nous-mêmes à la place de Dieu, et nous devenons nous-mêmes notre propre fin. Cela se manifeste par le mépris du prochain, et même par le mépris de Dieu et de ses biens, de ses commandements et des lois de l’Église, etc.

Dans tout cela, nous devons combattre et vaincre, avec la force de la Croix de Jésus. Il faut nous convaincre que le démon existe, qu’il veut nous faire tomber spirituellement, nous convaincre aussi que « pas tout ce qui passe par notre tête est bon » mais que nous devons savoir « discerner » si une chose bonne d’une mauvaise. En espagnol on dit : « le diable sait pour être un diable, mais il en sait plus pour être vieux ». Nous devons être attentifs à notre vie spirituelle, parce que le démon nous connaît et il va nous tenter dans les points les plus faibles de chacun d’entre nous.

Mais il faut nous convaincre encore plus que le Christ a déjà vaincu le démon, et qu’avec la force du Christ, nous pouvons aussi le vaincre.

Cette force c’est la Croix. La Croix doit être l’arme de notre combat, que ce soit pendant le Carême ou dans toute notre vie.

À la Vierge Marie, qui a été au pied de la Croix. À la Vierge Marie, qui écrase la tête du démon. À Elle nous le demandons la grâce de sa compagnie dans toute nôtre marche spirituelle jusqu’au ciel.

P. Juan Manuel Rossi IVE.

“J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand Il a prononcé mon nom”

La naissance de Saint Jean Baptiste.

La liturgie d’aujourd’hui, dans solennité de la naissance de Saint Jean Baptiste nous convie particulièrement à la joie, la joie spirituelle. Etre heureux, joyeux à cause de l’œuvre du salut. L’œuvre du salut que Dieu a fait pour tous les hommes et pour chacun de nous. La joie de faire sa volonté.  La joie d’être dociles à ses appels.

  1. La première lecture :

Dans la première lecture le prophète Isaïe chante le cantique du serviteur du Seigneur, une prophétie qu’on applique premièrement au Christ, mais la liturgie d’aujourd’hui l’applique à Jean le baptiste et on peut l’appliquer à chaque âme, à chacun de nous. Dit le prophète : J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait… il m’a protégé… il m’a caché…

Chacun de nous à une mission, chacun de nous à une vocation particulière… nous sommes tous appelés à la sainteté… mais chacun de nous à une vocation particulière… et la vocation de chacun de nous a son origine dans l’éternité. Dieu nous appelle depuis toute l’éternité

Malheureusement, certains Chrétiens  disent : « il est trop petit pour voir sa vocation, elle est très jeune pour ‘sentir’ l’appel de Dieu. »

Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas du tout vrai. Ce n’est pas ce que dit la parole de Dieu. Ce n’est pas cela que Dieu a révélé.

La vocation a son origine dans l’éternité, de notre côté, nous devons être attentifs… Dieu peut nous appeler à n’importe – quel moment.

  1. Comment cela commence t’il?

Comment cela commence habituellement… ? Ça  commence habituellement par la proximité du Christ. Le Christ s’approche de nous.  L’évangile que nous avons lu est précédé par la visitation de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth.  Au moment où la vierge Marie fait  la salutation à sa cousine Sainte Elisabeth, l’évangile nous dit : Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit de joie en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint… Elisabeth dit à Marie « Le fruit de tes entrailles est béni »… « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

« L’enfant tressaillit en elle » Saint Augustin commente : « Jésus vient à Jean, le libérateur au captif : Jésus visite Jean, parce qu’il faut que le médecin aille visiter son malade »  2 S. August., Ad Paul.,

Mais dans notre cas, le Christ a vécu il y a plus de 2000 ans. Comment se fait cette proximité dans notre vie ? Elle peut se faire des différentes manières, un échec (la croix), un conseil, une maladie… mais très souvent la découverte de la vocation a une relation directe et privilégiée à la participation active aux sacrements (la confession, Eucharistie) et à l’écoute attentive de la parole de Dieu.

Saint Athanase nous raconte la vocation de saint Antoine : « Il se rendait comme d’habitude à l’église en méditant ; il considérait comment les Apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur… en pensant à tout cela, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Et il a compris sa vocation.

Connaître et suivre notre vocation produit en nous la joie spirituelle… comme Saint Jean baptiste «l’enfant tressaillit de joie dans le sein de sa mère »

La joie humaine et la joie divine sont très différentes, comme notre volonté et sa volonté… Dieu nous dit par le prophète Isaïe : « 08 Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. 09 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55, 9) La joie humaine et la joie divine sont très différentes.

  1. Changer de Vie.

Mais connaître notre vocation implique un changement de vie…

L’évangile dit : L’enfant (Saint Jean baptiste) grandissait et son esprit se fortifiait.

Le « oui » avec lequel la personne appelée a répondu à Dieu c’est un « oui » qu’il faut renouveler chaque jour… l’acte de « tout laisser pour le Christ » c’est un acte qu’il faut faire chaque jour. Il faut que l’amour qui nous a poussés à tout laisser pour le Christ grandisse.

De la même façon que l’amour entre les conjoints a été manifesté de manière particulière dans le mariage, mais qu’il faut qu’il grandisse ; de la même façon il faut que la charité des religieux, des religieuses, qui a été manifestée dans la profession des vœux (dans le cas des prêtres l’ordination sacerdotale), il faut que cette charité donc grandisse.

La messe pour les vocations sacerdotales dit : « Que les Chrétiens soient plus nombreux à se consacrer par amour… pour toi, au service de ton autel… sans regarder en arrière. »

« Grandir en sainteté » Un amour qui ne fait pas grandir en sainteté n’est pas un amour qui vient de Dieu.

La messe pour les religieux demande la grâce d’être : «vraiment disciples de ta loi, témoin de ton amour…»

Au désert : L’évangile ajoute : « Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël. »

Le désert est signe de l’intimité avec Dieu. Dieu parle à son peuple par le prophète Osée en lui disant : « Mon épouse… je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. » (Os 2,16)

C’est au désert que Dieu a parlé a Moïse, c’est au désert que Dieu a parlé avec son peuple, qui l’a nourri, l’a conduit, et il a fait une alliance avec eux.  Le désert est le lieu du silence et de la rencontre intime avec Dieu.

Dieu nous invite de manière différente à tout laisser pour le suivre. Qu’à travers Saint Jean baptiste Dieu nous donne la grâce d’écouter ses appels et Le suivre avec tout notre cœur.

P. Andrés Nowakowski V. E.

Monastère « Bx. Charles de Foucauld »