Homélie pour le dimanche XXIII, année C (Lc 14, 25-33)
Quel
homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les
volontés du Seigneur ? C’est la question posée par l’auteur du livre de la Sagesse
dans la première lecture de ce dimanche. L’auteur sacré montre après quel est
le chemin par lequel Dieu peut révéler ses volontés : qui aurait connu
ta volonté si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit
Saint ? Cette lecture est notre
guide pour la méditation de l’évangile de ce dimanche.
La
Sagesse de Dieu avec majuscule s’est révélée en Jésus- Christ, le Christ
Jésus est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification,
rédemption (1 Co. 1,30).
L’évangile
de ce dimanche commence en disant que les foules faisaient route avec le Seigneur
et que, à un moment donné, Il se retourne vers elles. Peut-être que ces gens le
suivaient à cause des miracles, des signes qu’Il avait faits. Le Seigneur veut leur
déclarer quelles sont les conditions nécessaires pour devenir ses véritables
disciples, et comme nous le constatons, le chemin vers la croix se fait encore
plus exigent. C’est que notre Seigneur demande maintenant l’authenticité du
disciple.
Si le
Seigneur est notre sagesse, Il est devenu aussi la mesure de tout ce qui
conforme notre vie. Jésus-Christ est donc le centre de l’existence, de la vie
de tout chrétien. Cela est reflété dans les trois idées principales de
l’évangile :
- Le Seigneur est au-dessus des êtres qui nous sont les plus chers.
- Il faut que nous soyons disposés à voir nos croix à la lumière de la Croix
du Christ.
- Il est nécessaire d’avoir du réalisme dans la vie de tout chrétien.
Si
ces trois idées ne sont pas claires dans notre tête, nous ne pouvons pas nous considérer
des vrais chrétiens, parce qu’on n’est pas de vrais disciples. Et pour cela, le
Seigneur nous impose l’exigence de la réflexion, de la profonde considération
dans notre vie.
Comme
on peut voir dans l’évangile, le passage est suivi de deux petites paraboles,
celle de la tour à bâtir et celle du roi qui se prépare pour une bataille. Dans
ces deux histoires l’enseignement est surtout axé sur la magnitude du chemin
commencé.
En
effet, ce que nous devons saisir de ces deux paraboles c’est que les hommes de
ce monde font plus attention à leurs projets pour cette vie, ils réfléchissent
beaucoup plus et gardent une grande prudence humaine (et nous aussi
d’ailleurs) que lorsqu’ils réfléchissent aux exigences de la vie
chrétienne, ou de la vie spirituelle. Comme le Seigneur dit aussi dans
l’évangile :
« les fils de ce monde sont plus habiles que les fils de la
lumière », et nous-mêmes, nous agissons beaucoup plus comme fils de ce
monde (dont la pensée est mise dans les affaires d’ici-bas) que comme enfants
de la lumière.
Le
vrai disciple de Jésus est celui qui considère les exigences et qui suit son
Maître, convaincu que ce chemin implique le renoncement, le détachement et la
croix.
En
fait, pour devenir ses disciples, le Christ nous demande d’être prêts à
renoncer aux choses que nous sont les plus chères à nous, Il nous demande
d’avoir la disposition de cœur de renoncer à tout pour Lui.
Comme
on a déjà dit (plus haut) Jésus demande trois choses pour devenir son
disciple :
- Se détacher des êtres chers et de soi-même.
- Charger sa propre croix et le suivre.
- Le parfait détachement de tout ce qu’on possède.
D’abord,
on doit renoncer aux nôtres lorsqu’ils s’opposent ou constituent un obstacle en
quelque sorte pour pouvoir suivre et imiter Notre Seigneur, c’est-à-dire pour
accomplir la volonté de Dieu (« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa
mère, etc… »).
Et de
cela, Il nous a donné lui-même l’exemple ; lorsqu’Il avait 12 ans,
Jésus enfant dit à sa Mère qu’Il devait s’occuper des choses de son Père.
L’évangile nous dit que Jésus avait aussi corrigé saint Pierre lorsque celui-ci
a voulu l’éloigner du chemin de la croix, Jésus n’hésite pas à donner le nom de
Satan à celui qui est son disciple et ami.
L’amour
pour le Christ n’exclut pas les autres amours mais les ordonne ; et si un
amour de ce monde s’oppose à Sa volonté, il est évident que cet amour n’est pas
voulu par Dieu, qu’il n’est pas un amour béni et saint.
Nous devons renoncer à nous-mêmes et à ce qui nous fait plaisir lorsque cela est en contradiction avec l’évangile. Le monde « se colle » comme la poussière aux pieds, ses maximes envahissent très facilement nos pensées, mais tout ce qui est mondain doit disparaître si nous voulons devenir ses vrais disciples.
Le
Christ nous demande de renoncer de cœur à tout ce qui nous appartient. Avoir des
biens, mais sans leur attacher le cœur , que notre âme ne soit pas dominée par
les biens de ce monde afin d’obéir plus facilement à Jésus. L’évangile nous
montre le triste exemple de ce jeune riche, qui n’a pas accepté de suivre le
Christ à cause de ses richesses. Mais, nous ne devons pas penser que ce sont seulement
les grandes richesses qui peuvent nous faire obstacle dans l’imitation du
Seigneur ; il peut y avoir de petites choses qui nous empêchent de le suivre,
saint Jean de la croix disait que « pour
fin que soit le fil, l’oiseau y demeurera attaché
comme à la grosse corde, tant qu’il ne le brisera
pas pour voler ».
Et finalement,
comme nous l’avons dit : il faut aussi que nous soyons disposés à voir nos
croix à la lumière de la Croix du Christ. Savoir nous charger de notre croix,
parce qu’elle est une participation à celle du Christ, avec nos croix Jésus
nous associe à la sienne et à son œuvre de Rédemption.
La tentation d’abandonner la croix, de pouvoir nous en débarrasser
est toujours présente en nous. Mais celui qui se rebelle contre sa croix risque
de vivre une vie triste, et de trouver une croix plus lourde que celle qu’il a
refusée, la croix que lui-même a fabriquée en laissant de côté celle que Dieu
lui donne.
Par contre, le chrétien qui accepte la croix que Dieu lui envoie
dans sa providence, y trouve la vraie joie dans le service de Jésus, il est
joyeux de suivre le Christ, d’être pleinement son disciple.
Il n’existe pas un christianisme authentique, sans contempler la croix, sans les épreuves nécessaires de ce monde, ce sont de menteurs ceux qui prêchent que la véritable vie est sans souffrance, avec tous les bonheurs de ce monde. Écoutons encore saint Jean de la Croix qui nous parle : « S’il venait un temps où quelqu’un — prélat ou non — voulût vous persuader de suivre une doctrine de facilité et de plus grand soulagement n’y croyez pas, ni ne l’embrassez pas, la confirmât-il par des miracles… Si vous voulez parvenir à posséder le Christ, ne le cherchez jamais sans la croix ».
« Celui
qui ne cherche pas la croix de Jésus, ne cherche pas vraiment non plus la
gloire de Jésus. »
Nous sommes les disciples du Seigneur par vocation,
alors : le suivons-nous par intérêt ? Acceptons-nous tout ce qu’Il
demande dans l’évangile ? Car les conditions sont très claires dans
l’évangile de ce dimanche.
Le Christ n’est pas venu pour nous faire la vie facile, Il
est venu pour faire de nous de saints. Mais, il est évident que dans cette
mission, Il ne nous laisse pas seuls, Il vient avec le secours de sa grâce.
Nous concluons avec une pensée de saint Louis Marie Grignion de Montfort aux amis de la Croix : « Je crois qu’une personne qui veut être dévote et vivre pieusement en Jésus-Christ, et par conséquent souffrir persécution et porter tous les jours sa croix, ne portera jamais de grandes croix, ou ne les portera pas joyeusement ni jusqu’à la fin sans une tendre dévotion à la Sainte Vierge ».
P. Luis Martinez. IVE.