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Les saints ont pris les paroles de Jésus au sérieux

Solennité de tous les saints

Il est toujours bien de savoir les origines de chaque fête chrétienne, ce n’est pas pour alimenter notre curiosité, mais plutôt pour grandir dans notre foi. Il y avait à Rome dans les temps du paganisme, un temple appelé Panthéon, dédié à tous les dieux. Trois siècles après que Rome soit devenue chrétienne, le pape Boniface, dans l’année 605, a demandé à l’empereur romain Phocas de transformer ce temple et d’en faire une Eglise, dédiée à la « Sainte Vierge Marie et tous les martyrs ». La consécration se fait donc le 13 mai, et c’est devenu la date pour fêter d’abord les martyrs inconnus et après tous les saints ensembles. Mais l’histoire nous dit qu’à cette fête se rendait une multitude des gens dans les premiers années et que le manque de vivres ne permettait pas de la célébrer. Un autre pape, du nom de Grégoire IV, établit donc de la transférer aux calendes (1er) de novembre, alors que la moisson et les vendanges étaient terminées et il décida qu’on célébrerait en ce jour, dans l’univers entier, une fête solennelle en l’honneur de tous les saints. Ce fut ainsi qu’un temple bâti pour toutes les idoles fut dédié à tous les saints, et que l’on adresse de pieuses louanges à la multitude des saints dans un lieu où l’on adorait une multitude d’idoles.

Pour nous cette fête et la commémoration des défunts nous aident à célébrer ce que nous professons dans le Credo : « Je crois à la communion des saints ».

Qu’est-ce que cela veut dire la « communion des saints » ? La communion des saints est précisément l’Église. C’est-à-dire, tous les membres de l’Eglise, ceux qui sont désormais au Ciel, ceux qui purifient leurs péchés au purgatoire pour entrer au Ciel, et ceux qui vivent la grâce de Dieu ici sur la terre.

« Nous croyons, nous dit le Catéchisme, à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église, et nous croyons que dans cette communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses Saints est toujours à l’écoute de nos prières ».

D’abord nous célébrons les habitants du Ciel à qui nous demandons constamment leur intercession. « Étant en effet plus intimement liés avec le Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement l’Église en sainteté (…). Ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père ». Il est vrai que l’Eglise nous met un grand nombre de Saints pour que nous les suivions comme des modèles dans notre vie, ils intercèdent aussi pour nous au ciel, mais il y a aussi tous ces Saints inconnus, parce qu’à la fin tout homme et femme qui est au ciel a le droit d’être appelé saint ou sainte. Et le fait le plus important est qu’ils prient pour nous, ils intercèdent pour nous, pensons aux membres de nos familles déjà partis, s’ils sont au Ciel, ils intercèdent pour nous.

La communion des saints fait aussi référence aux âmes bénies du purgatoire, bénies parce que Dieu a eu miséricorde de leurs péchés, comme nous espérons qu’Il fasse miséricorde des nôtres. Et c’est la communion avec les défunts. « L’Église a entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant aussi pour eux ses suffrages ; car ‘la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse’ (2 M 12, 45) ” (LG 50). Notre prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur (lorsqu’ils seront au Ciel, ils nous rendront ce que nous avons fait pour eux).

Si nous revenons aux trois lectures que nous avons proclamées dans cette solennité, nous devons voir deux aspects importants pour notre vie spirituelle.

Le premier c’est l’invitation à l’espérance ; à nous réjouir parce que Dieu nous a promis que nos noms seront inscrits dans le Ciel : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » On peut se poser cette question : quel est le chrétien dont la foi ne soit pas éprouvée dans ce monde ? Si nous restons fermes à la foi de l’Eglise nous sommes aussi éprouvés. Saint Jean nous dit aussi : Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Mais, ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

Mais si Saint Jean nous fait grandir dans l’espérance soit dans l’Apocalypses soit dans sa lettre ; dans l’Evangile, le Seigneur avec ses béatitudes nous montre quel est le chemin à parcourir.

Comme disait le Pape Benoît dans une homélie : “Les Béatitudes nous montrent la physionomie spirituelle de Jésus, et expriment ainsi son mystère, le mystère de Mort et de Résurrection, de Passion, et de joie de la Résurrection. Ce mystère, qui est le mystère de la véritable Béatitude, nous invite à suivre Jésus et, ainsi, à nous acheminer vers elle”.

Et c’est pour cela que les béatitudes ont du sens seulement pour ceux qui espèrent, ceux qui désirent la vie éternelle. Pour ceux qui sont né de la chair, pour ceux qui sont attachés aux plaisirs de ce monde, les paroles de Jésus sont absurdes, incompréhensibles.

Le Seigneur proclame “bienheureux” et, nous pourrions dire, Il “canonise” tout d’abord ceux qui ont une âme de pauvres, c’est-à-dire ceux qui ont le cœur libre de tout préjugé et conditionnement, et qui sont donc totalement ouverts à la volonté divine. L’adhésion totale et confiante à Dieu suppose le dépouillement et un détachement de soi-même.

Bienheureux les affligés ! C’est non seulement la béatitude de ceux qui souffrent pour les nombreuses difficultés liées à la condition humaine mortelle, mais également de ceux qui acceptent avec courage les souffrances dérivant de la profession sincère de la morale évangélique. 

Bienheureux les cœurs purs ! Ceux qui sont proclamés bienheureux sont ceux qui ne se contentent pas de pureté extérieure ou rituelle, mais qui recherchent la rectitude intérieure absolue qui laisse dehors tout mensonge ou duplicité, qui n’ont pas le cœur double.

Bienheureux les affamés et assoiffés de la justice ! La pensée de Jésus dépasse la justice humaine et va vers une justice plus grande encore qui se trouve dans la recherche de la volonté salvatrice de Dieu, le juste dans la bible est tout d’abord le saint.  Jésus dit:  “C’est en faisant la volonté de mon Père qu’on entrera dans le Royaume des cieux” (cf. Mt 7, 21).

Bienheureux les miséricordieux ! Bienheureux sont ceux qui vainquent la dureté de cœur et l’indifférence, pour reconnaître de façon concrète la primauté de l’amour plein de compassion, à l’exemple du bon Samaritain et, en dernière analyse, du Père “riche de miséricorde” (Ep 2, 4).

Bienheureux les artisans de paix ! La paix, le résumé de tous les biens messianiques, est une tâche exigeante. Quelle est la paix que le Seigneur nous demande ? C’est la paix inspirée dans sa loi, dans son amour, le monde d’aujourd’hui veut avoir une paix mais sans Dieu, lorsque c’est avec Dieu nous parvenons à la véritable paix.

Les saints ont pris ces paroles de Jésus au sérieux. Ils ont cru que le “bonheur” leur serait donné du fait qu’ils traduisaient ces béatitudes dans leur existence. Malgré les épreuves, les périodes sombres, les difficultés, les échecs, ils ont goûté ici-bas la joie profonde de la communion avec le Christ. Ils n’avaient rien de différent avec nous, mais ils savaient que suivre le Christ implique de vivre les béatitudes d’une façon concrète et pas poétique et superficielle.

La Vierge Marie a vécu d’avance toutes ces béatitudes, elle les a toutes concentrées en une seule : la béatitude qui résume toutes les autres : »Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur” (Lc 1, 45).

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné