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L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs

Solennité de la Sainte TrinitéSAINTE_TRINITE_Institut_du_Verbe_Incarné

Lire l’évangile de ce dimanche (Jn. 16, 12-15)

Dieu demeure dans l’âme de chaque personne qui aime vraiment Dieu : Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui.

Cette vérité, Dieu l’a aussi révélée dans d’autres passages de l’Ecriture, par exemple, dans la première lettre de saint Jean (4,16) Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.  Et saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (3,16) Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?, il le répète dans sa deuxième Lettre (2 Co 6,16): nous sommes le temple du Dieu vivant.

Comment pouvons-nous définir cette présence de Dieu ? Elle est une présence tout à fait particulière, spéciale que le Dieu unique établie dans une âme qui vit en état grâce de Dieu, c’est-à-dire sans aucun pèche mortel. En langage de théologie cela est appelé l’inhabitation trinitaire, Dieu habite dans l’âme en grâce.

Mais, nous pouvons dire, si Dieu est par tout, qu’est-ce que cette présence ajoute de différent dans nos vies ? Il y a deux choses qui sont essentielles et propres de cette présence divine, ce sont la paternité divine et l’amitié de Dieu. La première vient à travers la grâce ( comme on dit dans le baptême, par la grâce nous sommes Fils adoptifs de Dieu, parce qu’il nous a donné la vie) ; la deuxième nous vient à travers la charité, l’amour, il est chez nous comme un ami, un véritable ami qui est toujours prêt à nous aider, nous accompagner, nous protéger.

Saint Thomas dira aussi que cette grâce permet de nous réjouir de la présence de Dieu, il en donne un exemple clair : c’est comme une mère se réjouit ayant son enfant entre ses bras, ainsi Dieu vient à notre âme, pour que nous nous réjouissons de Lui. Pour que nous puissions parler avec Lui ( comme un enfant parle avec son père, comme un ami avec son ami, l’épouse parle avec son époux), pour pouvoir aussi L’écouter (et pour cela Dieu devient un maître, « Il vous enseignera tout »), pour que jamais nous soyons seuls et pour que nous commençons dans cette vie la vie du Ciel.

Disons que le plus grand don que Dieu peut nous donner c’est le don d’habiter dans nos cœurs, de vivre chez nous, nous sommes comme de petits tabernacles de divinité, nous amenons Dieu là où nous allons, là où nous sommes, Dieu est avec nous. C’est le premier et grand don, plus important que tous les autres dons, les miracles visibles, les visions, le don de langues.

Mais les chrétiens, habitués parfois à valoriser ce que l’on voit, le phénomène, l’évident aux yeux ; ils oublient de méditer, d’approfondir ce don et ce mystère.

Alors, Dieu étant si Puissant, comment Il peut faire de nous sa demeure et ne pas « consumer » la créature, que la créature disparaisse devant son Créateur ? La réponse nous est donnée encore une fois par ce grand docteur de l’Eglise qu’est saint Thomas d’Aquin, il nous dit : on peut faire une comparaison avec un bout de fer que l’on approche au feu, sans perdre sa nature, il prend toutes les propriétés du feu, il en devient semblable, il se fait feu par participation.

Quels moyens nous devons prendre pour vivre de manière plus profonde cette réalité de l’inhabitation trinitaire ?

1- D’abord, vivre en grâce de Dieu, et pour cela recourir à la confession lorsque nous avons besoin.

2- vivre la charité avec les autres, cela augmente notre amour vers Dieu présent dans notre âme.

3- Vivre la foi : il faut que celui qui s’approche de Dieu croie qu’Il existe.

4- Le recueillement profond, le silence, la prière méditative ; le dialogue avec nos divins hôtes.

Finalement faire des actes fervents d’adoration. C’est-à-dire remplir d’un vrai sens ces prières que nous faisons par fois un peu mécaniques : « Gloire au Père » ; l’Hymne à la Trinité que nous chantons à la messe, le Gloria (réfléchir sur ses mots) ; le Sanctus, Saint Jean voyait que la multitude des saints au ciel chantait ce chant de triomphe devant Dieu.

Pour vivre la présence de Dieu, on l’a déjà dit, il faut vivre en grâce de Dieu. La grâce de Dieu dans notre âme est un peu difficile à imaginer car il s’agit d’une réalité spirituelle, mais nous trouvons de petites ressemblances dans notre monde matériel, les saints parlent d’elle comme un cadeau ou don qui produit une grande beauté, c’est une lumière, un éclat, un feu.

Lorsqu’on demande qu’est-ce que c’est que la grâce, une réponse habituelle c’est de dire que notre âme n’a aucun péché mortel. En vérité, disant cela nous donnons que la moitié de la réponse, et encore c’est la moitié la plus pauvre. Parce qu’en fait, vivre en état de grâce signifie infiniment plus que cela. C’est comme dire que dans un palais il ne se trouve pas d’ordure, ni de bêtes qui le fassent désagréable… Alors qu’avec la grâce, ce palais qui représente notre âme, il sera propre, ordonné et surtout il est habité par son Roi. C’est-à-dire, nous considérons parfois seulement le côté négatif (l’absence de péché), mais on oublie l’aspect positif, qui est plus important encore.

SAINTE_THERESE_DE_LENFANT_JESUS_Institut_du_Verbe_IncarnéL’âme en état de grâce devient vraiment forte, parce qu’elle est habitée par Dieu, elle ne peut plus rien craindre. Le démon échappe toujours terrifié à la vue d’une âme qui possède Dieu. Lorsque Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait quatre ans, elle a eu un rêve qui est resté toujours fixé dans sa mémoire, comme elle écrivait dans son histoire d’une âme :

Une nuit, j’ai rêvé que je sortais pour aller me promener seule au jardin. Arrivée au bas des marches qu’il fallait monter pour y arriver, je m’arrêtai saisie d’effroi. Devant moi, auprès de la tonnelle, se trouvait un baril de chaux et sur ce bariI deux affreux petits diablotins dansaient avec une agilité surprenante malgré des fers à repasser qu’ils avaient aux pieds ; tout à coup ils jetèrent sur moi leurs yeux flamboyants, puis au même moment, paraissant bien plus effrayés que moi, ils se précipitèrent au bas du baril et allèrent se cacher dans la lingerie qui se trouvait en face. Les voyant si peu braves je voulus savoir ce qu’ils allaient faire et je m’approchai de la fenêtre. Les pauvres diablotins étaient là, courant sur les tables et ne sachant comment faire pour fuir mon regard ; quelquefois ils s’approchaient de la fenêtre, regardant d’un air inquiet si j’étais encore là et me voyant toujours, ils recommençaient à courir comme des désespérés. Sans doute ce rêve n’a rien d’extraordinaire, cependant je crois que le Bon Dieu a permis que je m’en rappelle, afin de me prouver qu’une âme en état de grâce n’a rien à craindre des démons qui sont des lâches, capables de fuir devant le regard d’un enfant…

Demandons la grâce pour nous tous de garder notre âme habitée par la grâce sanctifiante, habitée toujours par Dieu.

P. Luis Martinez. Monastère “Bx. Charles de Foucauld”

Institut du Verbe Incarné

Solennité de la Sainte Trinité

La venue de la Trinité dans l’âme.cate015c

Non seulement le Fils, mais aussi le Père et le Saint-Esprit, viennent par la grâce et habitent dans l’âme humaine, selon le mot de saint Jean (14, 23) : Nous viendrons à lui et nous établirons en lui notre demeure.

Le Père vient par sa puissance, en nous réconfortant (Isaïe 40, 29) : Il donne la force à celui qui est fatigué. La Glose explique : la force de croire et d’agir. Le Fils vient par sa sagesse, en nous illuminant ; car, il est la vraie lumière et illumine tout homme. Le Saint-Esprit vient par sa bonté, en nous enflammant d’amour.

Le Saint-Esprit déploie en nous sa grande bonté, en nous embrasant de son amour ; car, l’amour de Dieu est la source de tout bien. Et il se communique à nous d’une manière souveraine. Mais il est plein de suavité en nous ; car, il nous réjouit intérieurement en nous faisant goûter sa douceur. Aussi, sur ce mot du Psalmiste (144, 9) : Le Seigneur est bon envers tous, la Glose dit : « Surtout pour ceux à qui il se fait goûter ». Et saint Bernard commente : «Le seul Consolateur, c’est notre hôte, le Dieu de charité, qui, bien qu’il ne manque jamais aux justes, pour les faire mériter, souvent cependant, il s’abstient de les consoler : ceci est plus agréable, cela est plus utile. On l’а donc en soi, mais caché, tant que cette douceur possédée ne touche pas le sens du cœur. Et de même que le peuple d’Israël, à la première pluie de la manne, disait dans son admiration : « Munhu », c’est-à-dire, qu’est-ce que cela ? Ainsi, l’âme dévote, goûtant au fond d’elle-même, la suavité de la bonté divine, admire et s’étonne, n’ayant jamais rien éprouvé de semblable dans les choses créées ». Et saint Anselme dit à son tour : « Mesurez quel est ce bien qui contient la joie de tous les biens, et vous ne le trouvez point parmi tout ce que vous connaissez de créé ; mais il en diffère comme le Créateur diffère de la créature. »

Et de plus, la suavité de cette bonté demeure inexprimable en paroles ; elle ne s’enseigne pas en paroles, mais par la grâce. Je donnerai au victorieux la manne cachée, dit saint Jean (Apoc. 2, 17) ; car, elle ne se découvre par aucune parole. Saint Bernard dit : « Que celui qui est curieux de savoir ce que c’est que de jouir du Verbe, qu’il prépare, non son oreille, mais son âme ; car, ce n’est point la langue qui l’enseigne, mais la grâce ».

De plus encore, elle dépasse toute intelligence et tout désir, ce qui est plus ; car, nous savons plus de choses que nous n’en exprimons. Mais la suavité de la bonté divine est si grande, que non seulement nous ne pouvons l’exprimer en paroles, mais même que nous sommes impuissants à l’essayer. Il est dit au Psaume (76, 14) : Je me suis souvenu de Dieu, et j’y ai trouvé ma joie. Je me suis exercé dans la méditation de cette douceur et mon esprit est tombé dans la défaillance. Et saint Bernard dit que « l’esprit ne peut comprendre que quand il en a l’expérience ».

On comprend donc ainsi la parole du Prophète, disant : Vos ouvrages sont admirables et mon âme en est pénétrée. C’est-à-dire, admirables surtout et la Puissance du Père, et la Sagesse du Fils, et la suavité de l’Esprit Saint, qui font défaillir l’âme dans son effort pour connaître la grandeur de la puissance, la profondeur de la sagesse, et l’abondance de la suavité et de la douceur.

Saint Thomas d’Aquin

De l’Humanité du Christ.