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«Servir Dieu, c’est régner»

Homélie pour le Dimanche VI, année A (Mt 5, 17-37)

Nous allons commencer cette homélie par relire la prière introductoire : « Dieu qui veut habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce ; alors tu pourras venir en nous pour y faire ta demeure. » Dieu habite dans les cœurs droits et sincères, les cœurs qui ne cherchent pas à faire le mal, à commettre des péchés. Donne-nous de vivre selon ta grâce, car vivre selon la grâce, persévérer sans commettre une faute est une œuvre de Dieu que nous devons demander, mais dans laquelle nous devons aussi travailler ; lorsque nous accueillons donc sa grâce Dieu peut venir en nous et demeurer dans nos cœurs.

Cette prière est donc une bonne introduction pour l’évangile de ce dimanche. Car, comme nous avons entendu, il parle de la loi de l’évangile qui est une loi des cœurs, des cœurs qui vivent la vérité, ils sont donc sincères et droits.

Le Seigneur dit précisément qu’Il est venu dans ce monde pour accomplir entièrement la loi. Celui-ci affirme qu’il n’est pas venu abolir l’ancienne loi, mais la compléter. En envoyant l’Esprit Saint, il écrira la loi dans le cœur des croyants. Voilà le «plus» qui fera que la loi ne sera pas acceptée comme un commandement extérieur, mais bien comme un choix intérieur. La loi promulguée par le Christ est donc une loi de «sainteté» (cf. Mt 5, 18), elle est la loi suprême de l’amour (cf. Jn 15, 9-12).

Le passage tiré du livre du Siracide que nous venons d’entendre (la première lecture, Si 15, 15-20) fait lui aussi référence à cette responsabilité personnelle, qui a son siège dans le cœur de l’homme. Il souligne la liberté de la personne face au bien et au mal : Dieu «devant toi mis le feu et l’eau, selon ton désir étends la main» (Si 15, 16). C’est ainsi que nous est indiquée la voie pour trouver le bonheur véritable, qui est l’écoute docile et l’application fidèle de la Loi du Seigneur (Saint Jean Paul II).

Pour le chrétien, la loi du Seigneur est décrite dans les Saintes Écritures, pour le peuple d’Israël la loi se résumait dans les 10 commandements ; avec sa venue dans ce monde Notre Seigneur amène cette loi au sommet de la perfection avec la prédication de l’évangile et la confirmation de tout ce qu’Il a enseigné en donnant la vie dans un amour extrême pour tous les hommes.

Mais la loi de l’évangile va au-delà de la matérialité des choses, elle est dirigée vers le cœurs de la personne, l’intérieur où Dieu seulement peut voir. C’est là où la grâce travaille, où l’homme agit en toute vérité, car il peut cacher ses pensées à tous les hommes mais jamais à Dieu, car Dieu scrute les cœurs nous dit saint Paul (Rom. 8,27).

Accomplir les commandements serait une mission très difficile si nous n’avions pas le secours de la grâce de Dieu, comme on a dit avant.  Parce que la grâce reçue dans les cœurs nous incline par amour à ce que la loi de Dieu ordonne. C’est pour cela que Jésus dit : Mon joug est facile à porter et ma charge légère (Mt 11,30).

Une autre chose à savoir c’est que les 10 commandements doivent être observés dans l’ensemble, on ne peut pas vivre une partie de la loi, les commandements qui font référence à Dieu et oublier l’amour au prochain, comme dit saint Jean dans sa première lettre ( 1 Jn. 4,20) : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas ».  C’est pareil à dire, par exemple j’aime Dieu mais je ne vis pas la pureté de cœur ou la vérité. 

Alors, quelqu’un peut nous poser cette question : “pour quoi nous avons besoin de respecter les commandements ? Si je dois aimer Dieu et l’amour est libre, pour quoi donc m’indiquer avec des normes négatives (‘ne pas tuer’ ‘ne pas voler’) comment je dois faire pour aimer ?”

D’abord nous devons dire que les commandements protègent l’amour, l’amour protège la loi et la loi protège l’amour (c’est réciproque). La loi de Dieu nous aide à aimer, car elle nous indique le chemin à suivre pour éviter le danger, c’est comme les parents lorsqu’ils indiquent à l’enfant les dangers de faire telle ou telle action lorsqu’ils sont petits.

Deuxième lieu, les commandements nous amènent à l’amour en concret, nous amènent à la réalité. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ». (Jn. 14,21)

Troisièmement, les commandements de Dieu révèlent les deux caractéristiques essentielles de l’amour, l’humilité et l’obéissance. Car à travers eux, je désir e aimer Dieu, non pas comme je veux le faire, mais comme Il veut être aimé, de la façon dont Il veut que nous l’aimions.

Dieu est l’unique bon, et il connaît parfaitement ce qui est bon pour l’homme, en vertu de son amour pour nous, Il le lui propose à travers ses commandements, disait saint Jean Paul II.

Il y une vieille anecdote. Dans le rite d’Initiation des enfants juifs dans la vie de la Synagogue, au début de 1600, dans la cérémonie il y avait ce dialogue : le rabbin, mettant la pointe du rouleau de la Loi dans la poitrine de l’enfant demanda:

 – Que ressentez-vous? –Et le garçon disait :

 – Je sens un cœur qui bat. –Ensuite, le rabbin répondait :

 – C’est le Cœur de Dieu! Écoutez sa Parole. Accomplissez sa loi!

La loi de Dieu est le cœur vivant de Dieu. Celui qui tente de nous arracher cette loi ne veut rien d’autre que de tuer notre cœur.

Tout ce qui porte le nom de liberté n’est pas vraiment liberté, ainsi comme toute dépendance n’est pas un esclavage. Si vous êtes enfermé dans une cage et que vous vous en échappez, le fait de vous échapper mérite bien d’être appelé libération et votre prix peut être appeler liberté. Si vous êtes dominé par la drogue ou l’alcool et que vous parvenez à vous débarrasser de leurs liens, vous pourriez bien appeler cela « libération » et vous serez vraiment une personne libre. Si vous avez été enfermé dans un ascenseur, c’est la libération de le quitter et c’est liberté ce que vous ressentez lorsque vous respirez à nouveau l’air frais dans la rue. Si vous êtes accablé par les douleurs et les maladies, vous vous libérerez lorsque vous guérirez et serez libre de retrouver votre santé. Mais si lorsque vous faites l’escalade une montagne, vous glissez sur la glace et que vous vous accrochez dans le vide soutenu uniquement par la corde de sécurité, vous n’appellerez pas « libération » le geste de couper la corde, et vous ne pouvez pas considérer « liberté »  la tache rouge sur le blanc glaciaire que vous attendez des centaines de mètres plus bas. Si vous vous arrachez les tubes d’oxygène avec lesquels vous plongez à 80 mètres de profondeur, vous n’appellerez pas une telle imbécillité « libération », et vous ne vous jugerez pas libre lorsque vous flotterez noyé dans l’eau salée.

Il y a donc des libertés qui sont des esclavages ; et des servitudes qui sont indépendances et liberté, comme le dit la Bible quand elle nous rappelle cette belle phrase : « servir Dieu, c’est régner » (P. Miguel Angel Fuentes).

Demandons la grâce de vivre notre liberté accomplissant dans nos vies la Loi de Dieu.

P. Luis Martinez IVE.

Que ta Volonté soit faite!

Lire l’évangile du deuxième dimanche du temps ordinaire (Jn 1, 29-34)

Me voici Seigneur, je viens faire ta Volonté“, nous avons chanté ce verset au moment du psaume, le psaume 39 ; dans le nouveau testament, l’auteur de la lettre aux hébreux nous dit que ce psaume est chanté par Notre Seigneur au moment de sa conception : en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté (Hébreux 10, 5-7).
Si nous considérons les lectures de ce dimanche, il se produit une sorte de dialogue établi entre la première lecture (c’est le Seigneur qui parle) et le psaume (la réponse donnée par le Messie) ; la prophétie d’Isaïe est une invitation mystique à accomplir une mission dans ce monde, le psaume devient la réponse : Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles.
Alors ces deux prophéties se concrétisent en Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu annoncé par Jean Baptiste et qui vient pour enlever le péché des hommes. Et elles se prolongent aussi dans les disciples du Seigneur, chacun de nous est appelé à répondre à la Volonté de Dieu dans nos vies, comme nous le voyons dans la deuxième lecture : Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus.
Nous sommes habitués à dire « c’est la Volonté de Dieu », nous prions pour que la Volonté de Dieu se fasse chaque fois à la prière du Notre Père.
Mais il est vrai que parfois il nous est difficile d’accepter la volonté de Dieu, et c’est encore plus difficile de se conformer à elle. La sagesse de Dieu nous dépasse largement, saint Paul dit que les décisions de Dieu sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! (Ro. 11,33)
Lorsque nous parlons de la conformité à la volonté divine nous devons savoir de quoi il s’agit. Alors, la conformité avec la volonté de Dieu est une soumission amoureuse, totale et profonde de notre volonté en accord avec celle de Dieu, en tout ce qu’Il dispose ou permet pour nous. La façon plus parfaite de se conformer à cette volonté c’est ce que les saints ont décrit comme le Saint Abandon, duquel on parlera un peu plus tard.
Mais avant de continuer, il est nécessaire de répondre à une question. Est-il possible de connaître quelle est la volonté de Dieu ? Ou bien, la volonté divine est-elle toujours inaccessible à nous ?
Pour répondre à cela, nous devons faire tout d’abord une distinction en ce qui concerne notre connaissance des desseins de Dieu. Parce qu’il a y une volonté divine qui est évidente pour nous, et qui selon la théologie s’appelle volonté signifiée ( de signe) ; car Dieu nous a donné des signes concrets, comme c’est le cas des actions concrètes qui se produisent dans notre monde, certaines sont voulues par Dieu même, d’autres sont permises par Lui, la volonté de signe se montre aussi en ce que Dieu veut que les hommes accomplissent : les commandements, les préceptes et les conseils évangéliques ; d’autre part, nous connaissons aussi ce que Dieu ne veut pas que l’on fasse, les actes condamnés par Dieu.
Il existe aussi une autre volonté appelée « beneplaciti » (en français est traduite comme bon plaisir, mais qu’il faut plutôt traduire « de celui qui se plait dans le bien »), c’est une volonté divine qui n’est pas manifestée aux hommes. Elle comprend entre autres choses, le futur toujours incertain pour nous : les évènements, les joies et tristesses, les épreuves, l’heure et les circonstances de notre mort.
Une fois que nous avons fait cette division logique dans la Volonté de Dieu, nous pouvons nous appliquer à donner des moyens pour mieux accomplir et nous conformer à ce que le Seigneur dispose dans notre vie.
Il faut savoir avant tout que nous devons accomplir et accueillir premièrement cette volonté qui nous est signifiée.
D’abord, de ce que Dieu fait dans nos vies, saint Catherine de Sienne disait dans ses Dialogues : « la volonté de Dieu ne veut rien d’autre que notre bien, et qui dans tout ce qu’elle permet, dans tout ce qu’elle nous donne, n’a d’autre dessein que de nous conduire à la fin pour laquelle Dieu nous a créés ». Et saint Augustin nous dit aussi que le Seigneur connaît mieux que l’homme ce qui lui convient à chaque moment, ce qu’Il doit lui donner, ajouter, augmenter, enlever et diminuer et Il connaît aussi le moment pour le faire (Epître 138).
Par fois ces évènements produisent la joie, mais d’autres nous amènent à la tristesse (la mort d’une personne aimée, une maladie, les accidents naturels), et nous savons que le Seigneur a disposé tout cela pour nous faire revenir à Lui, ou pour grandir dans son amour, ce sont les moments où l’on regarde vers le Ciel au milieu de larmes, vers la patrie sans souffrance vers laquelle nous marchons, tous.
Dieu ne veut pas le mal (Il est l’Amour essentiel), mais on dit qu’Il le permet parfois, parce que c’est à Lui aussi de transformer ce mal en bien. Dieu permet le péché de l’homme et ses conséquences, comme Il a permis le pire de tous les maux de l’histoire, c’est-à-dire la mort de son Fils par la haine et l’injustice des hommes. Et pourtant, Dieu a su l’ordonner pour le bien le plus grand de l’humanité, comme c’est celui de la Rédemption de l’homme. Devant l’injustice des hommes, devant le péché des autres qui nous fait mal, loin de tout esprit de vengeance ou rancune, nous devons demander la grâce de voir que Dieu permet toute cette souffrance accomplie par les autres sur moi pour punir mes propres péchés et les expier par sa Miséricorde.
Nous avons dit que la Volonté de Dieu est également évidente dans ce qu’Il veut que nous accomplissions, ses commandements et les différents préceptes. La volonté de Dieu est très claire en tout cela, et nous avons une triple obligation : de connaître ces lois, de les aimer et de les accomplir. De là vient aussi le fait de détester les choses que sa Volonté déteste, et c’est le péché et tout ce qui conduit au péché. Saint Hilaire disait que le chemin au ciel c’est l’obéissance à ses volontés et non pas le seul fait de répéter son nom.
Et finalement la Volonté de Dieu se manifeste dans ses conseils donnés, ceux qui émergent de sa Parole, le Seigneur donne ces grands conseils dans l’évangile, que certains sont appelés à vivre en radicalité mais que tous les chrétiens doivent vivre en esprit, les conseils de pauvreté, de chasteté (le cœur pur) et d’obéissance. Nous en ajoutons aussi, toutes les inspirations que le Seigneur nous donne pour vivre dans la sainteté, et qui demande de nous la docilité et la promptitude de cœur.
Et devant la Volonté de Dieu qui n’est pas encore révélée pour nous, celle que Lui seul connaît dans son éternité. Comment je dois agir, quelle doit être mon attitude ?
Evidement que ce n’est pas le désespoir ni l’angoisse qui guideront mes pensées ou ma conduite. Sans savoir ce qu’Il prévoit pour nous dans le futur ; nous savons, par contre et en toute certitude ces trois choses de Dieu :
1. Que rien n’arrive sans que depuis toute l’éternité, Il ne l’ait prévu et voulu, au moins permis.
2. Que tout ce qui arrive c’est une manifestation de sa bonté et amène à la Gloire de son Fils, Jésus-Christ.
3. Et troisièmement, laissant la parole à saint Paul (Romains 8,28) : Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. Et y persévèrent aussi.
Conscients de tout cela nous devons faire don de notre volonté avec une soumission amoureuse, comme nous avons dit, et au même temps filial, et pleine de confiance. C’est le saint Abandon que notre patron, le Bx. Charles de Foucauld a très bien exprimé dans cette très belle prière, qui est devenu un chant, unissant aussi la prière de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
Notre réponse donc à la volonté de Dieu sera donc un esprit de confiance et d’obéissance à tout ce qu’Il nous montrera dans nos vies, et le pour le reste, pour ce qui n’est pas encore révélé, la plus parfaite disponibilité pour l’accepter et l’accomplir dès qu’elle nous sera manifestée.
Le principe qui agit au plus profond de toute action humaine est celui que nous donne saint Paul, dans sa lettre à Timothée (2 Tim 2,4) : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité », et si nous cherchons vraiment à accomplir ce que le Seigneur veut pour nous dans ce monde, nous sommes convaincus que cela emporte notre salut et notre béatitude éternelle. »
Mais dans cette vie nous pouvons recevoir déjà quelques fruits de cette conformité aux desseins de Dieu , et parmi d’autres, l’intimité avec Dieu (comme un enfant entre les bras de sa mère, nous dit le psaume 131), la simplicité d’esprit et liberté, la constance et la sérénité, la paix et la joie et finalement, elle nous prépare à une sainte mort, avec un cœur qui a vécu cherchant à accomplir ce que Dieu lui a commandé.
Mais surtout, c’est la parfaite imitation de Jésus-Christ qui a dit que sa nourriture et sa boisson étaient le fait d’accomplir la Volonté de son Père.
Cette grâce nous la demandons à celle qui a suivi de plus près son Fils et qui désirait que la Volonté de Dieu se fasse en elle comme sa plus fidèle servante, la très sainte Vierge Marie.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné