Cette année 2021 nous célébrons le 500e anniversaire de la conversion de saint Ignace de Loyola, qui a donné à l’Eglise l’ordre des Jésuites mais aussi les Exercices spirituels, fruit de son expérience de conversion.
Grotte de Manresa, Espagne. Où saint Ignace a rédigé les exercices spirituels.
“Les Exercices spirituels sont certainement tout ce que je peux concevoir, connaître et comprendre de meilleur en cette vie, aussi bien pour l’avancement personnel d’un homme que pour les fruits, l’aide et le profit qu’il peut procurer à beaucoup d’autres.”
Saint Ignace de Loyola
C’est l’opinion que – sans aucune présomption – saint Ignace a donnée à propos de son livre des Exercices spirituels. C’est pourquoi, lorsqu’il voyait quelqu’un qui pouvait faire beaucoup de bien dans l’Église, il essayait de tout son empressement de lui faire réaliser les Exercices spirituels selon la méthode créée par lui.
Les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola sont une séquence ordonnée de méditations et de contemplations -exercices- qui naissent de la profonde expérience spirituelle qu’Ignace vécut après sa conversion, afin d’aider celui qui les pratique à découvrir quelle est la volonté de Dieu pour sa vie.
L’objectif des Exercices spirituels « ignatiens » est d’aider le retraitant à discerner et à savoir ce que Dieu veut de lui, à le désirer et à le choisir. Cette connaissance et cette volonté d’accomplir la volonté de Dieu conduiront le chrétien à planifier sa vie quotidienne et à prendre des décisions importantes selon la volonté divine. Pour cette raison, beaucoup de ceux qui font les Exercices spirituels apprennent à connaître et à suivre la volonté de Dieu concernant leur vocation.
Les prêtres et les sœurs de notre Famille Religieuse du Verbe Incarné proposent la prédication de ces Exercices par des sessions de 3 ou 5 jours , tout au long de l’année, pour celles et ceux (adultes et jeunes) qui souhaitent y participer en présentiel.
Bien que la meilleure chose soit de se retirer dans un endroit calme pour faire des Exercices spirituels, et d’avoir la direction personnelle d’un prêtre. Cependant, comme cela n’est pas toujours faisable, il existe la possibilité de faire des exercices à distance, en utilisant les avantages que nous apporte Internet. Les fruits que nous en connaissons sont innombrables.
Saint Jean Paul II recommandait la pratique des Exercices spirituels selon la méthode de saint Ignace, écoutons ses paroles:
“Pie XI recommandait la méthode de saint Ignace, guide sûr en ce chemin pour le charisme spécial reçu de Dieu en faveur de toute l’Église. De ce document historique, des pasteurs d’âmes et des instituts religieux ont puisé inspiration et encouragement pour ouvrir des maisons d’exercices spirituels qui peuvent être définis “poumons de la vie spirituelle” pour les âmes et pour les communautés chrétiennes. Les exercices sont en effet un ensemble de méditations et de prières dans une atmosphère de recueillement et de silence, et surtout avec une particulière poussée intérieure — suscitée par l’Esprit Saint — pour ouvrir de larges espaces de l’âme à l’action de la grâce.
Dans le fort dynamisme des exercices, le chrétien est aidé à pénétrer dans le cercle des pensées de Dieu, de ses desseins, pour se confier à lui, Vérité et Amour, de façon à prendre des décisions généreuses â la suite du Christ, en mesurant clairement ses dons et ses propres responsabilités.
Que tous les prêtres, religieux, et laïcs continuent à être fidèles à cette expérience et en favorisent le développement : j’adresse cette invitation à tous les chercheurs sincères de la vérité. Que l’école des Exercices spirituels soit toujours un remède efficace au mal de l’homme moderne entraîné par le tourbillon des affaires humaines à vivre hors de lui-même trop pris par les choses extérieures. Qu’ils constituent la formation d’hommes nouveaux, d’authentiques chrétiens, d’apôtres engagés. C’est le vœu que je confie à l’intercession de la Vierge Marie : la contemplative par excellence, la sage maîtresse des Exercices spirituels.”
Angélus, 16/11/79
Si vous êtes intéressé/e pour réaliser les Exercices spirituels, contactez nous: moinesive@ive.org
Nous reprenons aujourd’hui les dimanches du temps ordinaire,
dans les évangiles de ces dimanches nous écoutons les différents épisodes de la
vie de notre Seigneur, sa vie publique après le baptême jusqu’au moment où le
Christ entre en Jérusalem pour sa Passion.
Cette année nous méditons surtout l’évangile de saint Luc.
Précisément le texte de ce dimanche débute alors que Jésus se dirige vers Jérusalem, Il prend la
résolution de faire pour la dernière fois le
chemin vers la Cité Sainte où Il subira sa Passion et sa mort :
« Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus,
le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. » Saint Luc utilise
l’expression « le visage déterminé » pour dire que la détermination
de Jésus est aussi visible dans son visage, Il est compénétré, une « sainte
obsession » pour accomplir ce que son Père lui demandait.
Mais ce qui suit dans l’évangile est un peu difficile à
entendre et comprendre. D’abord, le refus d’un peuple d’accueillir le Seigneur
et ensuite ces trois dialogues où Jésus montre
les dures exigences pour le suivre.
Le fait que l’Esprit Saint ait voulu que ces trois moments
soient racontés simultanément porte évidement un
grand enseignement pour nous.
D’abord, Jésus prend la résolution d’aller vers Jérusalem,
passant par la Samarie qui était depuis longtemps un peuple ennemi du peuple
d’Israël. Pour annoncer sa venue, Il envoie des messagers devant lui ;
mais ce peuple ne veut pas recevoir le Seigneur. Ecoutons l’interprétation que
fait de ce texte, saint Cyrille de Jérusalem :
« Le Sauveur, qui connaissait toutes choses avant leur
accomplissement, savait bien que ceux qu’il envoyait, ne seraient pas reçus par
les Samaritains ; il leur commande cependant d’aller annoncer sa venue,
parce qu’il agissait toujours dans l’intérêt de ses disciples. »
Il se rendait à Jérusalem aux approches de sa passion, c’est
donc pour leur épargner le scandale de ses souffrances, et leur apprendre à supporter patiemment les outrages, qu’il permit ce
refus des Samaritains, comme une espèce de prélude à
ce qu’il devait souffrir. Il leur donnait encore une autre leçon, ils
étaient destinés à être un jour les docteurs de tout l’univers, et devaient
parcourir les villes et les bourgades pour y prêcher l’Évangile, et ils devaient nécessairement rencontrer des
hommes qui refuseraient de recevoir cette sainte doctrine, et ne permettraient
pas à Jésus de demeurer au milieu d’eux.
Il leur apprend donc, qu’en
annonçant cette divine doctrine, ils doivent se montrer pleins de patience et
de douceur, fuir tout sentiment de haine et de colère, et ne jamais chercher à
sévir contre ceux qui les outrageraient ».
En effet, quelques années plus tard, après la Pentecôte, le
peuple de Samarie sera l’un des premiers à se
convertir au christianisme. Les Actes des Apôtres nous disent que ce sera le
même apôtre Jean, qui veut maintenant faire tomber du feu du ciel, celui qui
ira confirmer les samaritains venus au christianisme. Jésus a voulu faire
tomber le feu dans ce monde, c’est le pouvoir de
l’Esprit Saint, pour faire cela, il fallait mourir sur la croix. Le feu de Dieu
n’est pas un feu de destruction, il donnera la vie, transformera les cœurs.
L’évangile nous décrit ensuite
les dialogues avec ces trois hommes pour venir rejoindre
le groupe des disciples.
Le premier s’offre spontanément : « Je te suivrai
partout où tu iras ». La réponse de Jésus est absolument honnête et
réelle, il ne décore pas la réalité, il ne veut
pas non plus de fausses illusions. Son conseil était finalement :
« Avant de devenir mon disciple, considère bien ce que cela va te coûter.
Suivre le Christ suppose un détachement à toutes les choses.
Non seulement matérielles, mais, ce qui est le plus difficile, à celles d’ordre spirituel : l’amour propre, la
recherche des honneurs de ce monde, la reconnaissance, le pouvoir ;
renoncer à l’envie de possession, à la vanité, à l’ambition, au désir d’être
reconnu et applaudi par les autres. Abandonner ses propres critères (« Les renards ont leurs
terriers, les oiseaux du ciel ont leurs nids ») pour imiter en tout le
Seigneur, Il n’a rien de ce monde, tout ce que Jésus possède est du Ciel.
Le deuxième cas part d’une invitation du Seigneur, l’homme
demande un temps : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer
mon père. » Dans la façon de parler du temps de Jésus, ce que cet homme
demandait c’était plutôt de rester auprès de son père jusqu’à la mort de
celui-ci et pouvoir gérer pendant ce temps les affaires, que tout soit bien
ordonné au moment où il quittera sa maison pour le suivre.
Mais qui sait le moment où cela arrivera ? Dans ce futur
indéterminé, cet homme aura t’il toujours la
même force de volonté pour suivre le Christ ? On voit clairement que la
réponse doit avoir une priorité et demande un don total de soi-même. Il ne
suffit pas d’une partie de moi-même, d’une partie de mon temps et de ma
volonté, le Christ demande un amour qui soit avec tout le cœur.
La réponse de l’amour est aussi immédiate, nous ne pouvons
pas reporter, on ne fait pas un calcul pour dire ensuite :
« Oui, je veux te suivre, bien sûr, mais maintenant c’est difficile pour
moi, je dois faire ceci ou cela ». Parce qu’on peut laisser échapper
l’instant de sa vie et perdre, précisément à cause de la prudence humaine, le
plus authentique de sa propre vie, la volonté de Dieu, pour
ne jamais la récupérer après. Jésus nous fait
remarquer qu’en tout, il y a un moment crucial, si l’on laisse passer
l’opportunité sans la saisir, il est très probable qu’elle ne revienne jamais.
Cet homme sentait dans le cœur l’appel à sortir de cette ambiance
spirituellement morte : « laisse les morts enterrer leurs
morts », « laisse de penser que la vie se limite aux lois et aux
principes de ce monde », l’homme qui risque ce moment, ne sortira
probablement jamais.
La demande du troisième est aussi humainement raisonnable, il
demande d’aller dire « adieu », mais on comprend qu’il s’agit aussi
de mettre en ordre les affaires de famille. Le Seigneur lui dit :
« j’ai besoin entièrement de toi » il n’y a pas de demi-journée au
service de Dieu, ni moins encore, demi cœur dans son amour. L’homme se donne
tout entier, et non, une partie de son temps et de ses biens.
La charrue palestinienne au temps de Jésus était très difficile
à guider. Cela exigeait une force totale dans le
travail, il fallait affronter les efforts que cela demandait, renoncer à la
commodité d’avoir une assurance de repos, car le travail risquait de ne pas
être fini. Ainsi, le service de Dieu demande un cœur détaché sans division, un
cœur consacré à ce à quoi il a été appelé. C’est
un don total dans la pensée et dans l’amour, sans divisions, surtout sans
tiédeur.
« Je connais tes actions, dit Jésus dans l’Apocalypse, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant –
mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque tu es tiède
– ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche ».
Pour conclure, l’évangile de ce dimanche ainsi que la
deuxième lecture nous montrent l’importance de vivre la liberté comme chrétiens,
une liberté authentique. Au début de l’évangile nous voyons la liberté du
Seigneur dans ce “résolument” qu’il a pour se diriger vers Jérusalem.
Il sait en effet que la mort sur la croix l’attend à Jérusalem mais, par
obéissance à la volonté de son Père, il se donne lui-même par amour. C’est à
travers son obéissance au Père que Jésus réalise sa propre liberté comme choix conscient motivé par l’amour. Qui est
plus libre que Lui, qui est le Tout-puissant ? Cependant, il n’a pas vécu sa
liberté comme la faculté d’agir à sa façon ou comme une domination. Il l’a
vécue comme un service. Il a ainsi “rempli” de contenu la
liberté, qui autrement resterait une possibilité “vide” de faire ou
de ne pas faire quelque chose. Comme la
vie même de l’homme, la liberté trouve son sens dans l’amour. Qui est en effet le plus libre ? Celui qui
garde pour lui toutes les possibilités de peur de les perdre, ou celui qui se
donne “résolument” dans le service et se retrouve ainsi plein de vie
en raison de l’amour qu’il a donné et reçu ?
Écrivant aux chrétiens de Galatie, l’Apôtre Paul déclare :
“Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement
que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair; mais par la
charité mettez-vous au service les uns des autres” (Ga 5, 13). Vivre
selon la chair signifie suivre la tendance égoïste de la nature humaine. Vivre selon l’Esprit signifie en revanche
se laisser guider dans ses intentions et ses actions par l’amour de Dieu, que
le Christ nous a donné. La liberté chrétienne est donc loin d’être arbitraire ;
elle signifie marcher à la suite du Christ dans le don de soi jusqu’au
sacrifice de la Croix. Cela peut sembler paradoxal, mais le Seigneur a vécu
l’apogée de sa liberté sur la croix, comme sommet de l’amour. Lorsqu’on lui
criait, alors qu’il était sur le Calvaire : “Si tu es le Fils de Dieu,
descends de la Croix !”, il démontra sa liberté de Fils précisément en
restant surla croix pour accomplir
jusqu’au bout la volonté miséricordieuse du Père. Cette expérience a été
partagée par de nombreux autres témoins de la vérité, des hommes et des femmes
qui ont prouvé leur capacité de rester libres même dans une cellule de prison
et sous la menace de la torture. “La vérité vous rendra libres”.
Celui qui appartient à la vérité ne sera jamais esclave d’aucun pouvoir, mais
saura toujours se faire librement le serviteur de ses frères.
Que Marie, elle qui a accepté librement de participer à notre rédemption nous obtienne la grâce de savoir nous donner à la volonté de Dieu.