On parlait l’autre jour des vices auxquels nous entraînes les richesses.
A travers de l’expérience et de l’Ecriture nous pouvons voir le caractère dangereux et nuisible des richesses.
On constate que, parfois, tel ou tel possède de grandes richesses sans en retirer aucune utilité, mais bien plutôt un dommage spirituel et temporel.
Il y a eu en effet des hommes qui ont péri à cause de leurs richesses. Il est un mal que j’ai constaté sous le soleil, dit l’Ecclésiaste (6, 1-2), mal qui est fréquent parmi les hommes ; l’homme à qui Dieu donne richesses, biens, honneurs ; il ne manque rien à son âme de ce qu’elle peut désirer ; mais Dieu ne le laisse pas la possibilité de s’en réjouir ; c’est un étranger qui dévorera ses richesse : – Il est un autre tort criant, dit encore l’Ecclésiaste (5, 12), que je vois sous le soleil ; les richesses accumulées par leur maître à son détriment.
Nous devons donc demander à Dieu que nos richesses nous soient utiles. Lorsque nous disons : Donnez-nous notre pain, c’est cela même que nous demandons, à savoir que nos biens nous soient un avantage, et que ne se vérifie pas pour nous ce qui est écrit du méchant (Job, 20, 14-15) : Sa nourriture deviendra dans son sein un venin d’aspic. Il a englouti des richesses, il les vomira ; Dieu les arrachera de son ventre.
Nous voyons des hommes qui s’inquiètent aujourd’hui pour le pain d’une année entière, et, s’ils viennent à le posséder, ils ne cessent pas pour autant de se tourmenter. Mais le Seigneur leur dit (Mt 6, 31) : N’allez donc pas vous inquiéter et n’allez pas dire : que mangerons-nous ? Ou que boirons-nous ? Ou de quoi nous vêtirons-nous ? Aussi nous enseigne-t-il à demander pour aujourd’hui notre pain, c’est-à-dire à demander le nécessaire pour le moment présent.
Pour finir avec le commentaire de cette demande, il existe, en plus du pain, nourriture du corps, deux autres sortes de pain, le Pain Sacramentel et le pain de la Parole de Dieu.
Dans l’oraison dominicale, nous demandons également notre pain sacramentel ; il est chaque jour préparé dans l’Eglise et nous le recevons dans un sacrement, en gage de notre salut futur.
Je suis, déclarait Jésus aux Juifs (Jn 6, 51), je suis le pain vivant descendu du ciel. – Celui, qui mange ce pain et boit le Seigneur de façon indigne, mange el boit sa condamnation (l Co II, 29).
Nous demandons également, dans l’oraison dominicale, cet autre pain qu’est la parole de Dieu ; c’est de ce pain que Jésus a dit (Mt 4, 4) :L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
De cette parole, de ce verbe de Dieu provient, pour l’homme, la béatitude, qui consiste dans la faim et la soif de la justice.
En effet, lorsqu’on possède les biens spirituels, on les désire davantage et ce désir augmente l’appétit et la faim, qui obtiendront tout rassasiement dans la vie éternelle.
Commentaire au Notre Père
Saint Thomas d’Aquin