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Quelles difficultés voit l’Église dans l’ordination sacerdotale des femmes?

Pourquoi l’Église catholique n’accepte-t-elle pas l’ordination sacerdotale des femmes ?

N’est-ce pas une discrimination que certaines confessions comme l’anglicanisme ont déjà surmontée ? L’attitude du Christ ne devrait-elle pas être comprise, peut-être, comme typique de son temps et déjà révolue ?

Réponse:

Le problème de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel est l’un des problèmes les plus brûlants dans les pays de tradition anglicane et où les auteurs du progressisme catholique ont eu ou ont une force particulière. Ainsi, par exemple, E. Schillebeeckx O.P. dit : ‘…Les femmes… n’ont aucune autorité, aucune juridiction. C’est de la discrimination… L’exclusion des femmes du ministère est une question purement culturelle qui n’a plus de sens aujourd’hui. Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas présider l’Eucharistie ? Pourquoi ne peuvent-elles pas être ordonnées ? Il n’y a pas d’arguments pour s’opposer au sacerdoce des femmes… En ce sens, je suis heureux de la décision [de l’Église anglicane] de conférer le sacerdoce aussi aux femmes, et, à mon avis, c’est une grande ouverture pour l’œcuménisme, plutôt qu’un obstacle, car beaucoup de catholiques vont dans le même sens »[1].

Au contraire, le magistère catholique a fermement et invariablement maintenu le déni de la possibilité d’ordination féminine, et ce dans des documents définitifs[2]. Quelle est la raison ultime pour laquelle les femmes ne peuvent pas accéder au sacerdoce ministériel ?

1. De la tradition

Le Magistère fait appel à la Tradition, entendue non pas comme ‘ancienne coutume’ mais comme garantie de la volonté du Christ quant à l’essentiel de la constitution de son Église (et des sacrements). Cette Tradition se reflète en trois choses : l’attitude du Christ, de ses disciples et de la tradition. Voyons chacune de ses choses, en soulignant également les principales objections qui sont généralement soulevées à cet égard.

1) L’attitude de Jésus-Christ.

Historiquement, Jésus-Christ n’a appelé aucune femme à faire partie des douze. Il faut y voir une volonté explicite, puisqu’Il pouvait le faire et manifester ainsi sa volonté. Jésus-Christ devait prévoir qu’en prenant l’attitude qu’il adoptait, ses disciples l’interpréteraient comme telle, sa volonté.

Objection : L’objection la plus courante est que Jésus-Christ a agi ainsi pour se conformer aux coutumes de son temps et de son milieu (le judaïsme) dans lequel les femmes n’exerçaient pas d’activités sacerdotales.

Réponse : Précisément à l’égard de la femme, Jésus-Christ n’a pas respecté les coutumes du milieu juif. Parmi les juifs rigides, les femmes subissaient certainement une grave discrimination dès leur naissance, qui s’est ensuite étendue à la vie politique et religieuse de la nation. « Malheur à celui dont les descendants sont des femelles !», dit le Talmud. La naissance d’une fille provoquait tristesse et agacement ; une fois grandie, elle n’avait pas accès à l’apprentissage de la Loi. La Mishna dit : “Que les paroles de la Torah (Loi) soient détruites par le feu plutôt que de l’enseigner aux femmes… Celui qui enseigne la Torah à sa fille est comme lui enseigner les calamités ». Les femmes juives manquaient souvent de droits, étant considérées comme des objets en possession des hommes. Un Juif récitait quotidiennement cette prière : « Béni soit Dieu qui ne m’a pas fait païen ; béni soit Dieu qui n’a pas fait de moi femme ; béni soit Dieu qui ne m’a pas fait esclave’.

Pour cette raison, l’attitude de Jésus envers les femmes contraste fortement avec celle des juifs contemporains, au point que ses apôtres s’émerveillaient et s’étonnaient de son traitement à leur égard (cf. Jn 4, 27). Ainsi :

-Il s’entretient publiquement avec la Samaritaine (cf. Jn 4,27)

-Il ne tient pas compte de l’impureté légale de l’hémorroïsse (cf. Mt 9,20-22)

– Il permet à une pècheresse de s’approcher de lui dans la maison de Simon le pharisien et même de le toucher pour lui laver les pieds (cf. Lc 7,37)

– Il pardonne à la femme adultère, montrant ainsi qu’on ne peut pas être plus sévère avec le péché d’une femme qu’avec celui d’un homme (cf. Jn 8,11)

– Il s’éloigne de la Loi mosaïque pour affirmer l’égalité des droits et des devoirs de l’homme et de la femme par rapport au lien conjugal (cf. Mt 19,3-9 ; Mc 10,2-11).

– Il est accompagné et soutenu dans son ministère itinérant par des femmes (cf. Lc 8,2-3)

– Il leur confie le premier message pascal, Il annonce même sa Résurrection aux Onze à travers elles (cf. Mt 28,7-10 et parallèles).

Cette liberté d’esprit et cette distance sont évidentes pour montrer que si Jésus-Christ voulait l’ordination ministérielle des femmes, les coutumes de son peuple ne représentaient pas pour lui un obstacle.

2) Attitude des Apôtres.

Les apôtres ont suivi la pratique de Jésus concernant le ministère sacerdotal, n’y appelant que des hommes. Et cela malgré le fait que Marie la Très Sainte occupait une place centrale dans la communauté des premiers disciples (cf. Act 1,14). Quand ils doivent remplacer Judas, ils choisissent entre deux hommes.

Objection 1 : On peut donner la même objection faite : les apôtres suivaient aussi les coutumes de leur temps.

Réponse :  L’objection a moins de valeur que dans le cas précédent, car dès que les Apôtres et saint Paul ont quitté le monde juif, ils ont été contraints de rompre avec les pratiques mosaïques, comme on le voit dans les discussions pauliniennes avec les Juifs. Or, à moins qu’elles n’aient été claires sur la volonté du Christ, le nouvel environnement dans lequel ils ont commencé à vivre les aurait conduites au sacerdoce féminin, puisque dans le monde hellénistique de nombreux cultes païens étaient confiés à des prêtresses.

Leur attitude ne saurait non plus être due à la méfiance ou au mépris des femmes, puisque les Actes apostoliques montrent avec quelle confiance saint Paul demande, accepte et apprécie la collaboration des femmes notables :

-Il les salue avec gratitude et loue leur courage et leur miséricorde (cf. Rm 16,3-12; Ph 4,3)

-Priscille achève la formation d’Apollon (cf. Ac 18,26)

-Phèbe est au service de l’église de Cencre (cf. Rm 16,1)

-D’autres sont citées avec admiration comme Lydie, etc.

Mais saint Paul fait une distinction dans le même langage :

-Quand il parle indistinctement d’hommes et de femmes, il les appelle ‘mes collaborateurs’ (cf. Rm 16,3; Ph 4,2-3)

-Quand il parle d’Apollon, de Timothée et de lui-même, il parle de ‘coopérateurs de Dieu’ (cf. 1 Co 3,9; 1 Th 3,2).

Objection 2 : Les dispositions apostoliques et surtout pauliniennes sont claires, mais ce sont des dispositions déjà caduques, comme d’autres, par exemple : l’obligation pour les femmes de porter le voile sur la tête (cf. 1 Co 11,2 -6) , ne pas parler en assemblée (cf. 1 Co 14,34-35; 1 Tm 2,12), etc.

Réponse : Comme on le voit, le premier cas (le voile féminin) concerne des pratiques disciplinaires de peu d’importance, tandis que l’admission au sacerdoce ministériel ne peut être rangée dans la même catégorie. Dans le deuxième exemple, il ne s’agit nullement de « parler », car saint Paul lui-même reconnaît aux femmes le don de prophétiser dans l’assemblée (cf. 1 Co 11,5) ; l’interdiction se réfère à la « fonction officielle d’enseigner dans l’assemblée chrétienne », qui n’a pas changé, car en tant que telle, elle ne concerne que l’évêque.

3) Attitude des Pères, la Liturgie et le Magistère.

Lorsque certaines sectes gnostiques hérétiques des premiers siècles ont voulu confier le ministère sacerdotal à des femmes, les Pères ont jugé une telle attitude inacceptable dans l’Église. Surtout dans les documents canoniques de la tradition antiochienne et égyptienne, cette attitude est indiquée comme une obligation de rester fidèle au ministère ordonné par le Christ et scrupuleusement conservé par les apôtres [3].

2. A la lumière de la théologie sacramentelle

L’argumentation centrale est celle développée précédemment ; nous pouvons cependant accéder à une autre voie argumentative qui rend plus évident que la tradition qui remonte au Christ n’est pas une simple disposition disciplinaire mais qu’elle a une base ontologique, c’est-à-dire qu’elle est basée sur la structure même de l’Église et le sacrement de l’Ordre. Les deux arguments que nous donnons ci-dessous font appel au symbolisme sacramentel.

1) Le sacerdoce ministériel est un signe sacramentel du Christ Prêtre.

Le prêtre ministériel, surtout dans son acte central qu’est le Sacrifice eucharistique, est un signe du Christ Prêtre et Victime. Or, la femme n’est pas un signe adéquat du Christ Prêtre et Victime, c’est pourquoi elle ne peut pas être prêtre ministériel.

En effet, les signes sacramentels ne sont pas purement conventionnels. L’économie sacramentelle est fondée sur des signes naturels qui représentent ou signifient par une ressemblance naturelle : ainsi le pain et le vin pour l’Eucharistie sont des signes adéquats parce qu’ils représentent la nourriture fondamentale des hommes, l’eau pour le baptême parce qu’elle est le moyen naturel de purification et de lavage. etc. Ceci est valable non seulement pour les choses mais aussi pour les personnes. Donc, si dans l’Eucharistie il est nécessaire d’exprimer sacramentellement le rôle du Christ, il ne peut y avoir de « ressemblance naturelle » entre le Christ et son ministre que si ce rôle est joué par un homme [4].

En effet, l’Incarnation du Verbe s’est faite selon le sexe masculin. C’est une question, en effet, qui fait rapport avec toute la théologie de la création dans la Genèse (la relation entre Adam et Eve ; Christ comme le nouvel Adam, etc.) et que si quelqu’un n’est pas d’accord avec elle ou avec son interprétation, en tout cas, il est confronté au fait indéniable de la masculinité du Verbe Incarné. Si l’on veut, on doit donc discuter pourquoi Dieu s’est incarné dans un homme et non dans une femme ; mais du fait que c’était le cas, on ne peut que soutenir que seul un homme représente adéquatement l’homme-Christ.

Objection 1 : L’objection des anglicans enclins à l’ordination féminine est que, selon eux, l’essentiel de l’incarnation n’est pas que le Christ soit devenu homme mais qu’il soit devenu « être humain ». Ce n’est donc pas tant l’homme qui représente adéquatement le Christ, mais « l’être humain » en tant que tel.

Réponse : Le problème de l’objection consiste en une conception insuffisante de ce qu’on appelle, en théologie sacramentelle, « représentation adéquate ». Les signes sacramentels doivent garder une représentation adéquate, c’est-à-dire la plus spécifique possible. De ce point de vue, « l’être humain » (homme-femme) est une représentation adéquate du Christ mais dans son sacerdoce commun (le sacerdoce commun des fidèles), non du Christ dans son sacerdoce ministériel de la Nouvelle Alliance. L’« être humain » représente adéquatement le Verbe fait chair, mais ne représente que génériquement et vaguement le Christ prêtre. En fait, le caractère sacerdotal (ministériel) est une sous-spécification du caractère chrétien général qui est donné à chaque homme (homme et femme) par le baptême.

Objection 2 : Le Christ est maintenant dans la condition céleste, c’est pourquoi il est indifférent qu’il soit représenté par un homme ou une femme, car ” À la résurrection, on ne prend ni femme ni mari” (Mt 22,30).

Réponse : Ce texte (Mt 22,30) ne signifie pas que la glorification des corps supprime la distinction sexuelle, car celle-ci fait partie de l’identité propre de la personne. La distinction des sexes et, par conséquent, la sexualité propre à chacun est la volonté primordiale de Dieu : « homme et femme il les créa » (Gn 1,27).

2) Le symbolisme nuptial.

Le Christ est présenté dans la Sainte Écriture comme l’Époux de l’Église. En effet, en Lui se réalisent toutes les images nuptiales de l’Ancien Testament qui se réfèrent à Dieu comme Époux de son peuple Israël (cf. Os 1-3 ; Jr 2, etc.). Cette caractérisation est constante dans le Nouveau Testament :

-chez Saint Paul : 2 Co 11,2 ; Ep 5,22-33

– chez Saint Jean : Jn 3,29 ; Rév 19,7.9

-dans les Synoptiques : Mc 2,19 ; Mt 22,1-14

Or, cela met en lumière le rôle masculin du Christ par rapport au rôle féminin de l’Église en général. Donc, de sorte que pour que dans le symbolisme sacramentel le sujet qui agit comme matière du sacrement de l’Ordre (représentant le Christ), puis le sujet qui agit comme ministre de l’Eucharistie (agissant « in persona Christi ») soit un signe adéquat doit être un mâle.

Objection : Le prêtre représente aussi l’Église, qui a un rôle passif par rapport au Christ. Alors, la femme peut représenter adéquatement l’Église ; alors elle peut aussi être prêtre.

Réponse : Il est vrai que le prêtre représente aussi l’Église et que cela pourrait être assuré par une femme. Mais le problème est qu’il ne représente pas seulement l’Église mais aussi le Christ et que, pour tout ce que nous avons dit, une femme ne peut pas le représenter. Donc, l’homme peut représenter les deux aspects, mais la femme un seul, qui n’est pas proprement sacerdotal.

3.Conclusion

Les principaux bogues tournent autour de deux problèmes. Le premier est de ne pas concevoir adéquatement le sacerdoce sacramentel, en le confondant avec le sacerdoce commun des fidèles. Le second est de se laisser emporter par les préjugés qui voient dans le sacerdoce ministériel une discrimination à l’égard des femmes et, en même temps, une exaltation des hommes au détriment des femmes ; c’est un manque d’optique : dans l’Église catholique, le sacerdoce ministériel est un service au Peuple de Dieu et non une affaire aristocratique ; de plus, ce dernier est précisément un abus du sacerdoce ministériel, semblable à celui qui a contaminé le pharisaïsme et le saducéisme des temps évangéliques. Enfin, les plus grands dans le Royaume des Cieux ne sont pas les ministres mais les saints ; et – à l’exclusion de l’humanité du Christ – la plus haute des créatures en honneur et en sainteté, la Vierge Marie, n’a été investie par Dieu d’aucun caractère sacerdotal.

Père Miguel A. Fuentes, IVE

Traduction de l’article en espagnol


[1] E. Schillebeeckx O.P., « Je suis un théologien heureux ». Entretien avec F. Strazzati, Société d’éducation d’Athènes, Madrid 1994, pp. 117-118.

[2] Deux documents ont explicitement abordé le sujet : Instruction de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Inter insigniores, la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976. Enchiridion Vaticanum, Volume 5 ( 1974-1976), n° 2110-2147 ; Lettre apostolique de Jean-Paul II, 22 mai 1994. A laquelle il faut ajouter : Card. Ratzinger « Ordinatio Sacerdotalis , Réponse au doute sur la doctrine de la Lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis », 28 octobre 1995.

[3] Cf. Inter insigniores, nº 2115.

[4] Inter insigniores, n° 2134.

Le célibat… est-il encore possible AUJOURD’HUI ?

Lorsqu’on pose des questions sur les raisons du célibat, on doit faire attention à ne pas donner des réponses faciles, mais qui, fondamentalement, ne répondent pas adéquatement au problème.

Un peu d’histoire

Historiquement, nous savons que Jésus-Christ, dans le Nouveau Testament, ne l’a pas imposé bien qu’il l’ait recommandé, à la fois par son propre exemple (il était vierge) soit explicitement comme l’idéal de la vie chrétienne pour le Royaume des Cieux (cf. Mt 19,12; 19 , 29). Il en est de même de saint Paul (cf. 1 Co 7,7 et ss). Dans l’Antiquité chrétienne, les Pères et les écrivains ecclésiastiques témoignent de la diffusion, tant en Occident qu’en Orient, de la libre pratique du célibat parmi les ministres sacrés pour la grande convenance qui existe avec le dévouement total au service de Dieu et de son Église.

L’Église d’Occident, depuis le début du quatrième siècle, a corroboré, étendu et sanctionné cette pratique. Même (et cela doit être noté) en période de grand déclin moral parmi le clergé car elle a toujours vu dans le célibat une grâce et un don qu’elle devait conserver. L’obligation de célibat a été solennellement sanctionnée par le Concile de Trente [1] et incluse dans le Code de droit canonique: «Les clercs sont tenus d’observer la continence parfaite et perpétuelle du Royaume des cieux et sont donc soumis au célibat , qui est un don particulier de Dieu, par lequel les ministres sacrés peuvent plus facilement adhérer au Christ avec un cœur sans partage et se consacrer plus librement au service de Dieu et des hommes »[2].

La législation des Églises orientales n’est différente que dans une certaine mesure. Le Conseil « in Trullo », en 692, a sanctionné la coutume d’exiger la continence absolue des évêques, tout en accordant la permission de se marier pour tout le bas clergé avant l’ordination; mais non après. Par conséquent, en Orient, il existe également une tradition de célibat (pour les évêques, qui ont la plénitude de la prêtrise, et pour les prêtres qui ont été ordonnés sans s’être mariés auparavant) [3].

I. Les raisons du célibat

Comme l’a souligné le Concile Vatican II, le célibat « n’est pas exigé par la nature même du sacerdoce » (en fait, dans l’Église primitive, il y avait une pratique courante du sacerdoce célibataire et du sacerdoce pour les hommes déjà mariés , qui est également toujours utilisé dans la tradition de la Églises orientales), mais néanmoins «le célibat a de multiples convenances avec le sacerdoce » [4]. Notons cette distinction : elle n’est pas requise par la nature, mais il y a une harmonie multiple avec cette nature. Cela signifie qu’entre le sacerdoce et le célibat, il existe de multiples raisons de convenance. Quelles sont donc ces raisons ?

1) La convenance avec la nature même du sacerdoce [5].

Le sacerdoce ministériel est une configuration avec Jésus-Christ, le seul prêtre. Le célibat rend plus radicale cette configuration.

En effet, le prêtre est un autre Christ sacramentel, ontologiquement assimilé, en vertu de son «character», au Verbe Incarné, au Christ prêtre immolé sur la croix et au Christ ressuscité.

Alors donc, la virginité fait partie de la création renouvelée par le Christ, le nouvel Adam. Il est entré dans le monde et dans l’histoire pour fonder ce nouvel ordre de choses qui n’était pas un hommage à la chair et au sang, l’économie du Saint-Esprit. Par conséquent, étant prêtre d’une nouvelle humanité, il ne doit pas naître comme les autres hommes mais de l’Esprit Saint et de la Vierge Marie. Saint Ambroise a écrit: «Adam est né de la terre vierge, le Christ de la Vierge» [6]. Ainsi, n’est-il pas convenable pour le prêtre, configuré en vertu de son « character » immuable et en appartenance perpétuelle au Christ, unique médiateur, de traduire cette appartenance par son célibat qui le fait vivre exclusivement pour son Maître ? Du fait que Jésus devait naître d’une Vierge, saint Cyrille de Jérusalem en déduit que «tout prêtre qui veut servir le Fils de Dieu comme il se doit, doit s’abstenir de la femme» [7].

De même, le Christ, prêtre de l’humanité, se rend solidaire avec nous en assumant notre chair de péché (cf. Rm 8,3). Mais cette chair de péché était par Lui définitivement immolée sur la croix (cf. Rm 8,3; Ep 2,14-16). Le Christ est mort à la chair une fois pour toutes ; les chrétiens unis à Lui ne sont plus dans la chair (cf. Rm 7,5; 8,9); ils sont crucifiés (cf. Gal 5,24) et en sont dépouillés par le baptême (cf. Col 2,11). Ils marchent dans la chair, mais ils n’y sont pas soumis (cf. 2Cor 10.3) et ils la dominent par leur union avec le Christ dans la foi (cf. Gal 2,20). Et parmi tous les chrétiens, les vierges dominent la chair à un point tel qu’elles sont volontairement déracinées de la chair et tentent de vivre au-dessus de ce monde qui passe, comme si les lois de ce monde n’avaient plus à faire avec elles.

Il est logique que le prêtre, configuré avec le Christ immolé et mort à la chair, soit aussi, par son célibat, déraciné de la sphère charnelle, afin d’être le plus près possible de Lui.

2) Convenance psychologique du célibat : il permet de se consacrer exclusivement au Christ.

Sur le plan psychologique, le célibat n’est pas un renoncement à l’amour ; il est plutôt amour et signe de l’amour. Tertullien l’a déjà proclamé comme une union de divins fiancés : “ Combien nous en voyons dans les ordres sacrés qui ont embrassé la continence ont donc préféré épouser Dieu ; ils ont restauré l’honneur de leur chair et, enfants du temps, se sont consacrés à l’éternité, mortifiant en soi la convoitise du désir et tout ce qui est exclu du paradis »[8].

Il est de toute évidence, comme le dit saint Grégoire, que sans charité “la chasteté n’est pas grande”; elle n’est valable que par l’amour qui l’inspire et pour l’amour le plus élevé auquel elle conduit [9]. C’est pourquoi saint Paul voit dans le chrétien non lié par les liens du mariage, un homme qui se soucie des choses du Seigneur, comment plaire au Seigneur, tandis que l’homme marié se soucie des choses du monde, comment plaire à sa femme et, pour cette raison, est divisé (cf. 1Cor 7,29-34). La chasteté donne à l’amour le visage austère de la croix, le même signe par lequel Dieu a choisi de nous aimer, parce que son amour pour nous s’est exprimé dans le sacrifice de lui-même pour nous sauver.

3) Convenance sociale du célibat : il accorde un amour universel

La chasteté sacerdotale accorde au prêtre d’aimer avec un amour universel offert à tous, avec un amour transcendant à la manière de l’amour paternel de Dieu. Le célibat du prêtre unit le prêtre indivisiblement à la communauté et le met à son service pour une paternité supérieure. Origène a déjà dit (3e siècle): “ Dans l’Église, les prêtres peuvent aussi avoir des enfants, mais de la manière qui a été dite: « Mes enfants, pour qui je souffre à nouveau de douleurs d’enfantement, jusqu’à ce que le Christ se forme en vous » (Gal 4 , 19) »[10]. Saint Ephrem a félicité un évêque du nom d’Abraham en disant: «Vous honorez votre nom, car vous êtes devenu le père de beaucoup; et pourtant vous n’avez pas de femme, comme Abraham avait Sara . Ta femme est ton troupeau » [11].

4) Dimension eschatologique du célibat : c’est un signe de vie future [12]

Le Seigneur a dit aux Sadducéens : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection (Lc 20,34-36).

Par le sacrifice de l’amour charnel humain, le prêtre qui, par métier, doit orienter les hommes vers le monde à venir, est déjà une anticipation vivante de cette nouvelle humanité. Sa chasteté est une immense avancée vers le futur, a une valeur eschatologique et amène le monde actuel dans le futur. Comme le dit Saint Paul : Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme … ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons. (1 Co 7,29.31).

II. Quelques objections courantes contre le célibat

Reprenons maintenant quelques-unes des principales objections qui sont souvent entendues contre le célibat.

1ère objection : le célibat (chasteté parfaite) est tout simplement impossible à réaliser.

Réponse : Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de gens qui mettent cette objection de façon frontale, nous devons reconnaître que certains l’utilisent encore ; c’est pourquoi nous devons y réfléchir.

La réponse est un argument très élémentaire : il y a des gens (et beaucoup) qui ont vécu et vivent (et avec bonheur) la chasteté perpétuelle, donc la chasteté est possible.

Paul VI le dit avec de belles paroles quand il se souvient : « la voix séculaire et solennelle des Pasteurs de l’Eglise, des maîtres spirituels, du témoignage vécu d’une légion innombrable de saints et de fidèles ministres de Dieu, qui ont fait du célibat la réalité intime et le signe visible de leur donation totale et joyeuse au mystère du Christ. Non, cette voix garde sa force et sa sérénité ; elle ne nous vient pas du seul passé, mais elle parle encore maintenant. Toujours attentif à scruter la réalité, Nous ne pouvons fermer les yeux à cette réalité étonnante et magnifique : de nos jours encore il y a dans la sainte Eglise de Dieu, en toutes les parties du monde où elle a planté ses tentes, des ministres sacrés sans nombre – diacres, prêtres, évêques – qui vivent en toute pureté le célibat volontaire et consacré »[13].

2ème objection : le célibat n’apparaît pas comme requis dans le Nouveau Testament aux ministres sacrés, mais il est plutôt proposé comme réponse libre à une vocation spéciale ou charisme (cf. Mt 19, 11-12). Jésus lui-même n’a pas imposé cette condition à ses apôtres, ni celle-ci était une condition pour désigner ceux qui dirigeaient les premières communautés chrétiennes (cf. 1 Tm 3.2-5; Tit 1.5-6).

Réponse : c’est vrai. Mais il est également vrai qu’il a donné aux apôtres et à leurs successeurs légitimes le pouvoir de réglementer sur les sacrements et sur la vie de l’Église (« tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux »). D’un autre côté, il est clair que Jésus a personnellement donné l’exemple de la virginité ; et il a recommandé la virginité (Mt 19,12: « Parce que … il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! ; cf. aussi l’invitation de Mt 19,29). Et le même exemple et le même conseil ont été donnés par l’apôtre Paul (cf. 1 Co 7,7). Par conséquent, dès les premiers temps, de nombreux membres du clergé ont choisi la virginité consacrée. Tenant compte, au fil du temps, l’Église a sanctionné les deux traditions : en Orient déjà en 692 dans le concile « in Trullo » (à Constantinople) a été sanctionnée la coutume actuelle pour les catholiques orientaux (continence absolue pour les évêques ; et permission de se marier pour tout le bas clergé avant l’ordination); en Occident, le célibat obligatoire a été déterminé pour tous les prêtres au Conseil d’Elvire (entre 295 et 304) [14].

3ème objection : La relation établie entre le sacerdoce ministériel et la virginité sacrée s’explique par une vision historique inspirée d’un pessimisme excessif sur la condition humaine de la chair et de la sexualité comme indigne d’entrer en contact avec des choses sacrées.

Réponse: On ne peut nier qu’il y a eu des auteurs ecclésiastiques qui ont laissé des écrits sur la sexualité avec des tons assez pessimistes; mais il est évident que le Magistère de l’Église a toujours eu une haute estime pour le mariage chrétien, comme on peut le lire dans tant de documents consacrés à ce sacrement; pour cette raison, il est impossible affirmer avec fondement que la principale raison de la promulgation de la loi sur le célibat ait été une sous-estimation du mariage ou de la sexualité. Au contraire, ce qui préparait la loi écrite du célibat et ce qui a permis son acceptation, depuis le troisième siècle, était la coutume du célibat chez de nombreux membres du clergé et la diffusion, en Orient comme en Occident, de la libre pratique entre les ministres sacrés. En témoignent de nombreux écrivains et Pères ecclésiastiques tels que Tertullien, Saint Epiphanie, Saint Ephrem, Eusèbe de Césarée, Saint Cyrille de Jérusalem, Saint Ambroise de Milan, Saint Augustin, Saint Jérôme [15].

4ème objection : à proprement parler, le charisme de la vocation sacerdotale ne coïncide pas avec le charisme de la chasteté parfaite (c’est le cas par exemple des prêtres orientaux mariés) ; c’est pourquoi il n’est pas juste éloigner du sacerdoce ceux qui ont une « vocation ministérielle » du sacerdoce, mais qui n’ont pas de « vocation célibataire ».

Réponse : Paul VI répond à cette objection en rappelant qu’il est vrai que les deux charismes ne coïncident pas. Cependant, doit-on se souvenir également que «la vocation sacerdotale, encore qu’elle soit divine en son inspiration, ne devient pas définitive et efficace sans l’approbation et l’acceptation de ceux qui dans l’Eglise ont le pouvoir et la responsabilité du ministère pour la communauté ecclésiale. Il appartient ainsi à l’autorité de l’Eglise d’établir, selon les temps et les lieux, les qualités à requérir concrètement des candidats pour qu’ils soient jugés aptes au service religieux et pastoral de cette même Eglise. » [ 16].

5ème objection : le célibat est une des causes de la diminution des vocations au sacerdoce (car le poids de l’obligation du célibat en éloigne beaucoup). S’il était supprimé, cela résoudrait le problème.

Réponse : Tout d’abord, l’erreur de cette objection est mise en évidence par les faits : les églises orthodoxes et évangéliques déclarent que malgré l’autorisation de mariage elles n’augmentent pas leur vocation (et dans certains cas elles diminuent jusqu’à l’extinction) [17]. Paul VI a écrit : « C’est surtout d’autres côtés qu’il faut chercher la cause de la diminution des vocations sacerdotales: par exemple, dans la perte ou l’affaiblissement du sens de Dieu et du sacré au niveau individuel et parmi les familles, dans le fait qu’on estime moins ou qu’on méconnaît l’Eglise comme l’institution qui apporte le salut par la foi et les sacrements. Il faut donc, dans l’étude du problème, aller aux éléments vraiment fondamentaux. » [18].

En plus : «Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas hésité à confier à une poignée d’hommes que tout le monde aurait jugés insuffisants en nombre et en qualité, la charge écrasante d’évangéliser le monde connu d’alors. A ce “petit troupeau”, il enjoignit de ne pas perdre courage (Luc 12, 32), parce qu’il remporterait avec Lui et par Lui, grâce à son assistance toujours présente (Mt. 28, 20), la victoire sur le monde (Jean 16, 33) … Les projets et la prudence humaines ne peuvent usurper le rôle de la mystérieuse sagesse de Celui qui au cours de l’histoire a défié par sa folie et sa faiblesse la sagesse et la puissance de l’homme (1 Cor. 1, 20-31). » [19].

6ème objection : Beaucoup de prêtres vivent mal leur célibat, ils remplissent ainsi l’Église de douleur et sont cause de scandale pour les fidèles. L’obligation de célibat supprimée, le problème est résolu.

Réponse : C’est une fausse solution et il est dégradant pour les prêtres de penser seulement cela (d’y seulement penser ?). Le célibat est un don et une grâce, pour le prêtre et pour l’Église. En soi, il renforce le sacerdoce. Le supprimer parce que certains prêtres ne le vivent pas bien n’est donc pas une solution.

La solution est que puissent accéder au sacerdoce ceux qui acceptent librement de vivre correctement ; et qu’une fois ordonné ils procurent les moyens ordinaires pour garder et protéger la vocation et la chasteté.

Personne n’est obligé de faire la promesse du célibat ; mais une fois faite, on est tenu d’être fidèle à sa parole. De la même manière que personne n’est obligé de se marier, mais une fois marié, il est obligé de rester fidèle à son conjoint.

Est-ce que cela promet moins de garder le célibat que la parole donnée dans le mariage ? Certains maris et femmes, et peut-être beaucoup, ne sont pas fidèles à leur conjoint ; faudrait-il supprimer la monogamie ou la fidélité matrimoniale pour résoudre les problèmes conjugaux ?

7ème objection : Le prêtre, en vertu du célibat, se trouve dans une situation physique et psychologique contre nature et nuisible à l’équilibre et à la maturation de sa personnalité humaine.

Réponse : « l’Eglise ne peut ni ne doit ignorer que c’est la grâce qui préside au choix du célibat – pourvu qu’on le fasse en toute prudence humaine et chrétienne, de manière responsable. Or la grâce ne détruit pas la nature et ne lui fait pas violence, mais elle l’élève et lui donne des capacités et des énergies surnaturelles. Dieu, qui a créé l’homme et l’a racheté, sait ce qu’il peut lui demander et lui donne tout ce qu’il faut pour accomplir ce que lui demande son Créateur et Rédempteur. Saint Augustin, avec sa large et douloureuse expérience de ce qu’est la nature de l’homme s’écriait : “Seigneur, donne-nous ce que Toi-même Tu commandes et commande ce que Tu veux” ». [20].

Pour cette raison, « d’après les acquisitions désormais assurées de la science, on n’a pas le droit de redire encore (cf. n. 10) que le célibat est contre-nature du fait qu’il s’oppose à des exigences physiques, psychologiques et affectives légitimes, auxquelles il faudrait nécessairement donner satisfaction pour permettre la complète maturité de la personne humaine. L’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1, 26-27), n’est pas composé seulement de chair et l’instinct sexuel n’est pas tout en lui. L’homme est aussi et avant tout intelligence, volonté, liberté : ces facultés le rendent supérieur à l’univers et obligent à le regarder comme tel ; elles lui donnent de pouvoir maîtriser ses tendances physiques, psychologiques et affectives. » [21].

8ème objection : le célibat n’est obligatoire que pour l’Église latine et non pour l’orientale. Alors pourquoi ne pas opter pour le célibat dans tous les rites catholiques ?

Réponse : La place du célibat dans l’Église du rite oriental n’est pas bien exprimée dans l’objection. Les Églises catholiques de rite oriental ont le célibat et aussi la tradition du sacerdoce marié. La valeur que les Pères orientaux ont toujours donnée à la chasteté sacerdotale est remarquable. Par exemple, saint Grégoire de Nisse déclarait que «la vie virginale est l’image du bonheur qui nous attend dans le monde futur » [22]; et Saint Jean Chrysostome: «quiconque s’approche au sacerdoce doit être pur comme s’il était au ciel» [23].

Et le célibat est obligatoire dans certains cas : seuls les prêtres célibataires peuvent être évêques ; et les prêtres eux-mêmes ne peuvent pas se marier après leur ordination sacerdotale. « D’où il apparaît en quel sens ces Eglises si respectables possèdent jusqu’à un certain point le principe du sacerdoce célibataire et celui d’une certaine convenance entre le célibat et le sacerdoce chrétien, dont les Evêques possèdent le couronnement et la plénitude ».

P. Miguel Angel Fuentes IVE.

Site en espagnol : El Teólogo responde.

[1] Dezinger-Hünermann, n. 1809

[2] Code de droit canonique, c. 277 § 1.

[3] Cf. Paul VI, Sacerdotalis coelibatus, nn. 35-41.

[4] Cf. Presbiterorum ordinis, n. 16; Paul VI, Sacerdotalis coelibatus, nn. 17-18.

[5] Cf. Sacerdotalis coelibatus, 19-25; Dillenschneider, Clément, Teología y espiritualidad del sacerdote, Sígueme, Salamanca 1964, 368-375. Follow Me, Salamanque 1964, 368-375.

[6] Saint Ambroise, exp. Evang. Luc., 4,7; CSEL 32,142.

[7] Saint Cyrille de Jérusalem, Catéch. XII, ch. 25; MG 33, 657.

[8] Tertullien, De exhortatione castitatis, c. 13; ML 2, 930.

[9] Saint Grégoire, Hom. 13 Evang. Lucae, ML 76, 1124.

[10] Origènes, In Levit. hom., 6, c. 6; MG 12, 474.

[11] Saint Ephrem, Carm. Nisibea

[12] Cf. Sacerdotalis coelibatus, n. 34.

13] Sacerdotalis coelibatus, n. 13.

[14] Cf. Denzinger-Hünermann, n. 118-119.

[15] Tous cités en Enc. Sacerdotalis coelibatus, note 20 (note au n. 35).

[16] Sacerdotalis coelibatus, n. 15.

[17] Cf. Card. Höffner, Dix thèses sur le célibat, IV; dans: AA.VV., Prêtrise et célibat, BAC, Madrid 1972, pp. 469-470.

[18] Sacerdotalis coelibatus, n. 49.

[19] Sacerdotalis coelibatus, n. 47

[20] Sacerdotalis coelibatus, n. 51; citation de Confess., X, 29, 40; PL 32,796.

[21] Sacerdotalis coelibatus, n. 53.

[22] Saint Grégoire de Nisse, De Virginitate, 13; PG 46, 381-382.

[23] Saint Jean Chrysostome, De Sacerdotio, III, 4; PG 48, 642.