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“Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume”

Lire l’évangile de la Solennité du Christ Roi  (Lc 23, 35-43)

christ_roi_institut_du_verbe_incarneDans ce dimanche où nous célébrons avec joie cette solennité du Christ Roi de l’univers, l’Eglise nous invite à méditer le moment de la croix et cela peut nous sembler étrange. Aux yeux des hommes, ce Roi crucifié n’avait plus de pouvoir, le royaume est tombé dans l’échec ; les chefs religieux lui demandent en se moquant de Lui, de se sauver, tout comme les soldats et un des malfaiteurs, on demande au Seigneur d’abandonner la Croix, d’en descendre, d’arrêter la souffrance et se montrer puissant face au pouvoir et à la force de ce monde.

Pourtant sur sa tête, on lit qu’Il est roi, un roi couronné d’épines. Un roi qui a choisi de régner sur le bois de croix, comme le chante un très bel hymne le dimanche des rameaux. Un roi qui pour être roi comme Il veut, doit régner depuis la croix.

Dans cette heure suprême du premier vendredi saint de l’histoire, l’unique voix qui reconnaitra la royauté du Christ sera l’autre malfaiteur.

christ_roi_institut_du_verbe_incarne« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras avec ton Royaume ». Dans ces mots au milieu de son agonie, ce malfaiteur reconnaît que Jésus est quelqu’un de puissant ; le malfaiteur demande la Miséricorde, que Dieu se souvienne de Lui au moment où Il viendra comme juge avec son Royaume.

« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis». Saint Thomas d’Aquin se demande « comment le Seigneur peut dire au bon larron qu’Il sera avec lui ce même jour au Paradis ?»(notre foi nous apprend, en fait, qu’après sa mort, Jésus descend aux enfers, au sein d’Abraham pour y chercher tous les justes morts avant sa venue).  Et le grand théologien nous donne la réponse, l’âme de Jésus est toujours unie à la divinité, être avec Jésus signifie être dans le Paradis ; contempler son âme pleine de la divinité c’est comme contempler le Ciel : lorsque l’âme du bon larron sera avec l’âme du Seigneur, il sera donc dans le Ciel. Nous pouvons ajouter encore que le mot Paradis vient du perse et signifie « le jardin fermé d’un roi » où lui seul pouvait se promener, être invité à se promener avec lui  était l’un des plus grands honneurs.christ_roi_institut_du_verbe_incarne

Nous reconnaissons aussi la royauté du Christ, pour nous, les chrétiens, le Christ est notre Roi. Mais quelqu’un peut se demander : En fait, il semblerait qu’Il ne règne pas trop dans notre monde aujourd’hui ? S’il s’agit que les nations reconnaissent sa royauté, nous ne le voyons pas non plus de nos jours. Mais, le fait que le Seigneur ne règne pas, ce n’est pas sa faute à Lui, ne signifie pas non plus qu’Il manque de pouvoir pour le faire.

Christ the King 4.pdfEn fait, avant d’instaurer son royaume dans la société, le Seigneur veut régner d’abord dans les cœurs des hommes et c’est par son amour qu’Il veut les conquérir pour les libérer de la servitude du péché.

Nous ne pouvons pas non plus imaginer un royaume prenant en comparaison les modèles politiques de notre monde. Le Seigneur avait dit devant Pilate : « Mon royaume ne procède pas de ce monde », il ne poursuit pas des intérêts politiques ou économiques, il n’est poussé par aucun intérêt matériel. Il cherche à régner de façon invisible par la grâce et sa souveraineté est invisible mais tout à fait réelle.

Il y avait un temps dans notre histoire où les rois se soumettaient à la loi du Christ, où les nations (surtout en Europe) imprégnaient leurs lois de l’esprit de l’Evangile, où il y avait des rois et des reines qui cherchaient à vivre la sainteté dans leurs vies et à être des modèles pour les autres dans leurs règnes.

christ_roi_institut_du_verbe_incarneIl est curieux de relever que dans ce temps, tout le monde pensait que la terre était au centre de l’univers, et que les autres astres, même le soleil tournaient autour d’elle. Pourtant, cette époque savait regarder vers le Ciel ; ce monde, notre planète, n’avait qu’une mission, les préparer pour le Ciel, ces gens-là savaient regarder vers le Ciel.

christ_roi_institut_du_verbe_incarneAujourd’hui nous savons que notre planète n’est pas du tout le centre de l’univers, tout au contraire, elle est un petit point au milieu des grandes étoiles et constellations, tous les hommes les savent et pourtant, ils vivent comme si tous les espoirs devaient se concentrer en elle, nous soupirons pour ce monde, nous avons cloué notre regard en lui, oubliant le ciel, bien que nous disions être beaucoup plus en avance que le monde passé .

Et le Christ règnera-t-il encore une fois dans nos sociétés et dans nos pays? Il y aura dans le futur des pays qui se proclament chrétiens et qui le seront en vérité (plus important encore) ? Dieu seulement le sait, mais il est vrai que cela dépend beaucoup de notre liberté. Mais si Jésus-Christ règne vraiment dans nos cœurs, Il a déjà conquis une partie, une grande partie de ce qui lui appartient.

Laissons Jésus régner dans nos cœurs, qu’Il fasse en nous un royaume de vérité et de vie, un royaume de sainteté et de grâce, un royaume de justice, d’amour et de paix, comme nous lui demandons aujourd’hui au moment de la préface.

Que le Christ règne dans nos cœurs, comme Il a commencé à régner le vendredi de sa mort dans le cœur du bon larron, comme disait un père de l’Eglise : “nous connaissons quelqu’un qui se convertit au dernier moment de sa vie pour que nous ne tombions pas dans le désespoir, mais aussi nous n’en connaissons qu’un seul cas, pour ne pas tomber dans un excès de confiance”.

Nous allons finir avec l’histoire de ce bon larron, à qui la tradition de l’Eglise a donné un prénom, saint Dismas ou Dimas, et sa mémoire est célébrée le 25 mars.

christ_roi_institut_du_verbe_incarneEt une légende espagnole du moyen âge raconte qu’au moment où la sainte Famille échappée du Roi Hérode vers l’Egypte,  fut prise en otage en chemin par des bandits, un des chefs voulut tuer l’enfant Jésus, mais un autre eut pitié d’eux, les laissant en vie et les amenant passer la nuit à la grotte où il vivait avec sa famille, ce bandit avait eu un nouveau-né couvert de lèpre.

Alors la Vierge Marie, ayant lavé le Corps sacré de Jésus, prit ensuite cet enfant malade pour faire de même avec lui et à ce moment le petit fut guéri de sa maladie.

christ_roi_institut_du_verbe_incarnePar la suite, cet enfant devint malfaiteur comme son père, finissant sa vie crucifié à côté du Seigneur ; et comme au début de sa vie où son corps avait été guéri, c’est alors par la miséricorde de Dieu que son âme fut purifiée de la lèpre du péché. A la dernière minute de sa vie avec la promesse du Sauveur, ce bon larron a volé le Ciel.

Demandons à la très Vierge Marie la grâce de que son Fils règne dans nos cœurs et dans le cœur de tous les chrétiens.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

TOUT EST DANS LA PASSION

Croix_Institut_du_Verbe_IncarnéSaint Paul de la Croix enseigne : «Tout est dans la passion. C’est là où on apprend la science des saints»[1]. Pour les chrétiens, la Passion est une source inépuisable de sagesse, un guide et un modèle pour toute notre vie.

Pour cela saint Pierre Claver disait : ” Le seul livre à lire est la Passion ” [2] . Et le grand saint Thomas écrit: «Celui qui veut mener une vie parfaite, n’a rien d’au­tre à faire que de mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix et de désirer ce qu’Il a désiré.”[3]

De la même manière, nous pouvons penser aux personnages de la Passion : nous devons rejeter diamétralement les mauvais exemples de certains d’entre eux et au contraire imiter les bons exemples des autres.

I

N’imite pas Hanne, qui était quelqu’un dominé par la convoitise du pouvoir (la plus grande tentation du clergé) et un avare.

N’imite pas Caïphe, qui était vénal et servile.

Passion_Institut_du_Verbe_IncarnéN’imite pas Ponce Pilate, un lâche qui ne veut pas se sacrifier pour la vérité.

Ne cherche pas à imiter Pierre, qui a été vaincu par une jeune servante, succombant à la peur de témoigner de Jésus.

Ne cherche pas à imiter le jeune homme échappé nu, qui a souffert plus pour échapper à la croix du Christ que pour Le suivre.

N’imite pas le mauvais larron (Gestas) [4], qui n’a pas reconnu la divinité de Jésus.

N’imite pas Judas, qui a trahi pour 30 pièces d’argent.

II

Tu dois imiter Simon de Cyrène prenant la croix et marchant derrière Jésus.

Tu dois imiter Saint Pierre, qui a fait pénitence pleurant largement ses péchés.

Tu dois imiter le bon larron (Dimas)[5], qui a reconnu la divinité de Jésus.

Tu dois imiter Marie Madeleine, dont ses nombreux péchés ont été pardonnés, pour avoir beaucoup aimé.

Tu dois imiter Saint Jean, qui fut le disciple aimé, pour avoir consacré sa vie à Dieu depuis jeune[6].

Notre_Dame_des_douleurs_Institut_du_Verbe_IncarnéTu dois imiter Marie, qui se tenait debout au pied de la croix.

Tu dois imiter celui qui a ouvert le côté du Seigneur (Longinus), qui, certifiant la mort de Jésus, nous en a donné la certitude pour que nous l’annoncions pour toujours.

Tu dois imiter Joseph d’Arimathie : demande toujours le Corps de Jésus : «fais tienne la victime expiatoire du monde»[7].

Tu dois imiter Nicodème : qui oint Jésus avec des arômes.

Par-dessus tout, tu dois imiter Jésus-Christ, qui s’immole sur la croix et à la messe, te « crucifiant » avec lui. Selon saint Grégoire de Nazianze. ” Immolons-nous nous-mêmes à Dieu, immolons chaque jour et notre personne et toute notre labeur, imitons la Passion du Christ avec nos propres souffrances, honorons son Sang avec notre propre sang, montons courageusement sur la croix… Adore Celui qui par amour pour toi, demeure suspendu à la croix ; et toi, te crucifiant toi aussi, obtiens quelque profit de ta propre faute ; rachète le salut avec la mort … »[8].

Décidons nous de vivre comme le troisième type d’homme [9] et selon le troisième degré d’humilité [10]!

Ayons des grands désirs « d’opprobres et de mépris »[11] pour mieux imiter Jésus !

Disons avec la Sainte Marie de Jésus Crucifié : « Si je ne goûte pas tes peines, ô mon Jésus, je vis triste et affligée. Blesse-moi, car je t’ai donné mon âme. Et si ce bien tu me fais, mon Dieu, je pourrais voir clairement que tu m’aimes ! »[12]

P. Carlos Buela VE

Fondateur de l’Institut du Verbe Incarné

[1] Carlos Almeras « Saint Paul de la Croix ».

[2] Ángel Valtierra–Rafael M. de Hornedo, « Saint Pierre Claver».

[3] « Commentaire au Credo » num. 85.

[4] Nom donné par l’évangile apocryphe dit « de Nicodème » .

[5] Idem.

[6] L’histoire de l’Église témoigne sans cesse d’appels du Seigneur dans le jeune âge. Saint Thomas, par exemple, explique la prédilection de Jésus pour l’Apôtre Jean « en raison de son jeune âge » et en tire la conclusion suivante : “Cela fait comprendre que Dieu aime de façon spéciale ceux qui se donnent à son service dès leur première jeunesse ». Saint Jean Paul II. E. A. « Pastores davo vobis » 63.

[7] Saint Grégoire de Nazianze. « Des dissertations » 45.

[8] Idem.

[9] « Le troisième homme veut aussi se dégager de cette affection, et il le veut de telle sorte, qu’elle n’est pas plus portée à conserver la somme acquise qu’à ne pas la conserver. Il ne consultera, pour la retenir ou pour s’en défaire, que le mouvement intérieur de la grâce, et ce qui lui paraîtra le meilleur pour le service et la louange de la divine majesté. En attendant, il veut se conduire comme ayant tout abandonné de cœur, et s’efforce de ne désirer ni ce qu’il possède ni aucun autre bien sur la terre que dans la seule considération du service de la majesté divine; en sorte que le désir de pouvoir mieux servir Dieu, notre Seigneur, sera son unique règle pour se déterminer à retenir le bien qu’il a acquis ou à s’en dépouiller ». Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 155.

[10] « Le troisième degré d’humilité est très parfait. Il comprend les deux premiers, et veut de plus, supposé que la louange et la gloire de la Majesté divine soient égales, que, pour imiter plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je préfère, j’embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses; les opprobres avec Jésus-Christ rassasié d’opprobres, plutôt que les honneurs; le désir d’être regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du monde». Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 167.

[11] Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 146.

[12] Bernardo María de San José, C.D. « La petite fleur arabe ».