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Persévérer dans la prière

Lire l’évangile du dimanche XXIX (Lc 18, 1-8)

priere_institut_du_verbe_incarneNous venons d’écouter l’évangile et la première lecture, qui comme d’habitude, sont en lien sur le même sujet et ce dimanche c’est plus qu’évident, il s’agit de la prière, plus précisément comme dit l’évangile : de la nécessité de toujours prier sans se décourager.

Il est vrai que lorsqu’on parle de « prière » vient à notre tête comme une première pensée, ce que nous nommons généralement : la messe ( la plus grande prière des catholiques), les prières vocales (chapelet, angélus, les prières classiques, neuvaines), on pense aussi à l’oraison, la méditation, la contemplation, lectio divinapriere_institut_du_verbe_incarne (la lecture méditée de la Parole de Dieu), la liturgie des heures et tant d’autres prières qui viennent enrichir notre vie spirituelle. Si elles sont comprises comme une véritable élévation de l’âme, comme le dialogue avec notre Dieu, ces prières deviennent donc le noyau de notre vie spirituelle.

Mais, lorsque si la prière devait se changer en un acte extérieur, mécanique et même hypocrite, la prière ne servirait à rien de bon, au contraire, cela constituerait un grand danger en vue de notre salut éternel.

Si nous fixons notre attention d’abord dans la première lecture, il est intéressant de voir représentée une grande caractéristique de la prière. C’est que la prière n’a pas un moment déterminé, comme nous avons le moment pour dormir ou manger. La prière ou bien l’attitude de communication avec Dieu doit être constante.priere_institut_du_verbe_incarne En fait, notre vie est symbolisée comme une synthèse entre l’image de Moïse et celle de Josué. Le dernier luttait et le patriarche priait les bras élevés au ciel. Toute notre vie est une bataille et une prière : la bataille sans prière est un vide et une défaite, la bataille avec la prière est une victoire, un triomphe. Mais comprenons bien l’exemple : on ne prie pas seulement avant le combat et après pour remercier, l’on prie aussi durant tout le combat.

Le Seigneur dans l’évangile nous dit que la prière doit être persévérante, même lorsqu’elle se confronte à cette indifférence « apparente » de Dieu, qu’il nous décrit dans cette parabole de juge sans pitié « qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes ». Pourtant, la veuve vient insister pour sa cause. De façon que cette insistance fatigue ce juge, au point qu’il arrive même à avoir peur de cette femme, son insistance peut devenir un peu violente parce qu’elle peut s’emporter contre lui, et lui laisser un œil noir (l’expression utilisée par le Seigneur, c’est donner un coup de poing dans l’œil). Cepriere_institut_du_verbe_incarne juge fera justice parce qu’il est fatigué de voir cette veuve venir la lui demander tout le temps.

Le Seigneur veut dire : si les mauvais finissent par s’incliner devant la demande d’un autre, combien plus Dieu, parce qu’Il est toujours penché par sa miséricorde à nous aider.

« Jésus est mieux disposé à nous donner que nous à recevoir » dit saint Augustin.

Mais alors, pour quoi, donc, Dieu ne nous donne pas tout de suite lorsque nous demandons ? Et c’est toujours saint Augustin qui répond : « Il veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner » (Lettre à Proba sur la prière. 9). Ou bien comme Il disait aussi dans un sermon : « s’Il diffère de te donner ce que tu veux, c’est pour enflammer tes désirs, et pour t’empêcher d’apprécier moins ce que tu aurais obtenu plus tôt » (Sermon 105).

Saint Thomas d’Aquin nous apprend aussi que toute prière doit réunir 5 caractéristiques pour qu’elle soit authentique : elle doit être a) confiante, b) droite, c) ordonnée, d) dévote et e) humble.

  1. a) La prière doit être confiante, d’une foi sans défaillance.
  2. b) Notre prière doit, en deuxième lieu, être droite, c’est-à-dire qu’elle doit nous faire demander à Dieu les biens qui nous conviennent. « La prière, dit saint Jean Damascène, est la demande à Dieu des dons qu’il convient de solliciter. »
  3. c) En troisième lieu, la prière doit être ordonnée et réglée (Mt 6, 33) : Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice ; et le reste vous sera donné par surcroît.
  4. d) La prière, en quatrième lieu, doit être fervente. La prolixité de la prière (et ici nous pouvons inclure aussi une prière centrée dans l’extérieure, dans les apparences), le plus souvent, affaiblit la dévotion. Saint Augustin écrivant à Proba, dit aussi : « Bannissez de la prière l’abondance des paroles ; cependant ne manquez pas, si votre attention demeure fervente, de beaucoup supplier. »
  5. e) La prière doit être humble, venant d’un cœur qui sait que c’est Dieu seul qui peut lui donner ce dont il a besoin.

priere_i_institut_du_verbe_incarneObservons que la première des caractéristiques c’est la confiance en Dieu. La foi nous dit que Dieu connaît beaucoup mieux que nous nos besoins et comme notre Père qu’Il est, Il cherche toujours notre bien. Et savoir cela doit nous donner grande paix et confiance évidement.

Si bien que parfois nous ne comprenons pas les desseins de Dieu dans nos vies (qui se présentent comme des croix difficiles à porter). Comme l’enfant qui ne comprend pas parfois sa mère lorsque celle-ci doit lui donner un médicament amer, doit le vacciner. Son enfant pourra lui dire : « Maman, tu n’aimes pas parce que tu me fais mal avec cela », et la réponse de sa mère sera : Si, je t’aime beaucoup, mais si je le fais, c’est pour te guérir ».

Il nous arrive aussi de penser et de dire : « J’ai demandé quelque chose mais Dieu ne me l’a pas accordé-, en cela Dieu n’a pas écouté ma demande ». Nous avons comme – réponse ce qu’a dit un penseur chrétien : la raison c’est parce que nous demandons en tant qu’hommes que nous sommes mais Dieu donne en tant que Dieu (aussi en cela, sa Volonté nous dépasse largement).

Alors, il est évident qu’au moment de demander, la priorité c’est la vie éternelle, le salut. C’est ce qui nous convient le plus, on ne se trompe jamais lorsqu’on demande cela.lectio-divina

Saint Alphonse nous dit que si nous demandons avec persévérance le salut éternel, Dieu nous l’obtiendra si nous faisons au même temps ce qui correspond de notre part.

Le Seigneur finit l’évangile de ce jour posant une question. Elle est plutôt un avertissement : Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Un impie disait à ce propos : « Mais donc, à quoi sert de prier si à la fin des temps il n’y aura plus de fois dans ce monde ».

Nous savons par contre que même si la lumière de la foi finira par s’éteindre dans le cœur de beaucoup, il aura toujours un petit reste qui gardera la foi intacte, et cela on le voit encore plus dans nos temps, « un reste » comme dit l’Ancien Testament, ceux qui garderont la foi authentique en Jésus-Christ et dans son Evangile, et qui ne cesseront jamais de prier pour le retour glorieux de Notre Seigneur. Prions pour appartenir à ce petit reste.

Nous allons finir avec un petit commentaire d’un père de l’Eglise d’Orient, le Grand Jean Chrysostome sur le texte évangélique de ce dimanche :

priere_institut_du_verbe_incarne« Celui qui vous a racheté vous enseigne ici ce que vous devez faire. Il ne veut point que vous cessiez de prier, il veut que vous méditiez les bienfaits qui sont l’objet de votre prière, il veut que vous soyez redevable à la prière, des grâces que sa bonté désire vous accorder.

Comment pourrait-il ne pas exaucer les prières qu’on lui adresse, alors qu’il nous presse par sa miséricorde, de rendre notre prière continuelle ?

Recevez donc avec amour ces, exhortations du Seigneur, sa volonté doit être la règle de votre conduite dans ce qu’elle commande comme dans ce qu’elle défend.

D’ailleurs considérez quel honneur vous est accordé de vous entretenir dans la prière avec Dieu, et de pouvoir lui demander tout ce que vous désirez, car si vous n’entendez pas sa voix, il vous répond cependant par les bienfaits qu’il vous accorde. Il ne dédaigne point vos demandes, il n’en témoigne aucun ennui, votre silence seul lui fait peine. » (Catena Aurea)

P. Luis Martinez. V. E.

Monastère « Bx . Charles de Foucauld »

« Heureusement que le Seigneur accueille toujours les pécheurs !»

Lire l’évangile du Dimanche XXIV (Lc 15, 1-32)

bon_pasteur_institut_du_verbe_incarneNous venons d’entendre le récit considéré comme le plus beau de toute l’Ecriture Sainte, la Bible. C’est la parabole du Fils Prodigue, ou bien comme le pape Benoît XVI a dit une fois, il voudrait mieux l’appeler du Père miséricordieux. Ensemble aux autres deux paraboles, celle de la brebis et de la monnaie perdues, elle sert comme réponse de Notre Seigneur à ceux qui critiquaient son attitude de recevoir et manger avec les pécheurs, la fausse sainteté repousse les pécheurs, tandis que la Véritable les attire vers elle, dit saint Augustin. Pour les pharisiens ce qui comptait le plus c’était les péchés que tout le monde pouvait voir, on peut dire « les péchés publics » ; tandis que les autres péchés, ceux « de cœur » ne comptaient pas vraiment dans leur interprétation de la loi, tellement vidée de sens par ces « docteurs ». misericorde_institut_du_verbe_incarneNous devons donc faire attention de ne pas tomber aussi dans cette mauvaise interprétation, pensons plutôt que ces péchés cachés dans notre cœur peuvent nous faire plus de mal que ceux que les autres peuvent voir.

Le texte de l’Evangile commence avec les mots par lesquels les pharisiens critiquaient le Seigneur : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux, deux mille ans après sa venue, nous disons : « heureusement que le Seigneur accueille toujours les pécheurs ! », cela nous rassure chaque fois que nous revenons à la confession chargés de nos péchés et que nous retrouvons le prêtre, pécheur lui aussi, mais agissant IN PERSONA CHRISTI pour nous réconcilier avec le Père ; « heureusement que le Seigneur accueille toujours les pécheurs » disait un père de l’Eglise.

Notre Seigneur fait trois comparaisons, trois paraboles : dans les deux premières, Dieu va à la recherche soit comme un berger soit comme une femme, dans la troisième, Il attend le retour du fils, comme un Père. Les trois images ne sont pas difficiles à imaginer, un berger, un père ; même aussi Dieu n’a pas de problème de jouer le rôle d’une mère de maison, parce qu’à la fin le plus important c’est de montrer que l’homme, le pécheur a une valeur aux yeux de Dieu qu’Il ne veut pas l’abandonner. Dans les trois paraboles il y a toujours la joie soit pour retrouver, soit pour le retour.

misericorde_iii_institut_du_verbe_incarneEn fait, chaque parabole montre un aspect diffèrent de la Miséricorde de Dieu, la brebis perdu s’en va même sans l’apercevoir, elle se sépare du troupeau et fini blessée c’est pourquoi elle cesse de marcher et reste étendue par terre, raison pour laquelle le berger la prend sur ses épaules (Dieu nous aide, seuls, nous ne serons jamais revenu à la vie de la grâce). Notre berger laisse les autres 99 brebis, ce n’est pas qu’il ne les aime pas, mais Il n’est pas indifférent pour celle qui est partie, comme on vient de dire, devant Dieu nous avons une valeur, « notre âme, disait saint Thomas d’Aquin vaut plus que tout l’ensemble de l’univers créé ».

La deuxième parabole c’est une image domestique. Qui sait si Jésus racontant cette histoire ne pensait pas en son enfance à Nazareth, si cette femme n’était pas sa Sainte Mère ? misericorde_ii_institut_du_verbe_incarneUne pièce d’argent signifiait une journée de travail, de là le souci pour la retrouver ; d’autres disent que ces monnaies faisaient partie des souvenir qu’une femme gardait de son mariage, on mettait la pièce d’argent sur le voile et les habits qu’elle portait lors de ses noces, comme la bague de noces de nos jours.

 En tout cas, l’objet est si important qu’elle nettoie toute la maison, ces maisons qui n’étaient qu’un grand salon où les gens avaient un peu tout, la plus part comptaient avec la lumière qui venait de la porte, elles étaient donc plutôt sombres. Faire un bon nettoyage signifiait un grand effort. Voilà l’image de la miséricorde, Dieu ne se fatigue pas de nous chercher, Il insiste, Il nous appelle à plusieurs reprises, Il insiste par amour pour nous.

Dans la troisième parabole, ce n’est plus un objet ni même un animal ; il s’agit maintenant d’un être humain qui s’égare et qui le fait en toute conscience. L’optique est donc différente, l’image est plus proche de nous. C’est lui-même, par sa propre volonté qui s’en va.

misericorde_iv_institut_du_verbe_incarneCette année, nous avons déjà médité sur cette parabole, le 4ème dimanche de carême.

Nous pouvons dire qu’au centre de l’histoire, le Seigneur dit que le jeune loin de son père et dans la misère, il rentre en soi-même,  comme dit saint Augustin: «Ne sortez pas dehors, allez à l’intérieur de vous-même, au cœur de l’homme habite la vérité. “, il fait référence à la conscience, là, devant notre conscience, si elle est droite, nous ne pouvons pas nous confondre.

Il décide de retourner à la maison et son Père le voit de loin, voilà un autre détail, Dieu nous attend toujours, comme ce père qui semblerait l’attendre tous les jours, il désirait à chaque moment voir son fils revenir par le chemin où il était parti une fois.

misericorde_v_institut_du_verbe_incarneComme dit le Seigneur par le prophète Jérémie : Vous m’appellerez, et vous viendrez, et vous me prierez, et je vous écouterai. Vous me chercherez et vous me trouverez, parce que vous me chercherez de tout votre cœur (Jr. 29,12).

Mais nous ne devons pas tomber dans l’erreur de croire que parce que Dieu est miséricordieux, le châtiment éternel n’existe pas. Ou bien comme certains disent si Dieu est Père, comment peut-Il condamner ? Un prédicateur disait : « Ce n’est pas Lui qui condamne si tu ne retournes pas, mais plutôt toi-même. Il partira à ta recherche, il va t’amener sur ses épaules mais si tu ne résistes pas ; par contre, jamais Dieu ne forcera ta volonté. Il ne peut pas forcer la volonté, aucun père ne le fait par rapport à ses enfants, Dieu est un père et Il n’exerce pas une tyrannie.  Celui qui n’est pas pardonné ce n’est pas parce que Dieu refuse de lui donner le pardon, c’est parce que lui-même ne veut pas abandonner sa vie de péché. Saint Jean Chrysostome disait une chose pareille : c’est ne pas la multitude de péchés la cause de désespoir, mais plutôt le fait d’être accroché à eux.

Dieu ira toujours à la recherche du pécheur qui se repenti, Dieu insiste pour qu’il revienne, Dieu attend, en son amour Dieu n’oublie jamais.

Un jour un homme un peu âgé arrive chez une infermière pour se faire soigner d’une blessure dans sa main. Il était un peu pressé, c’était le matin. L’infirmière lui demande la raison, et il répond qu’il devait aller prendre le petit déjeuner avec son épouse comme d’habitude, elle était résidente dans une maison des personnes âgées. Elle était là, il y avait quelques années à cause de la maladie d’Alzheimer, très avancée. L’infirmière, lorsqu’elle eut presque fini son travail demande à cet homme si son épouse allait s’inquiéter de son retard, le monsieur avec un simple sourire lui dit : » Il y a 5 ans que ma femme ne me reconnait plus. »L’infermière continue : « Si elle ne vous reconnait pas pourquoi donc venir tous les jours ? »misericorde_vii_institut_du_verbe_incarne

« Elle, a répondu le monsieur, ne sait plus que je suis son mari, moi pourtant, je sais très bien qu’elle est mon épouse. »

Belle image de Dieu, même si par la maladie du péché nos oublions Dieu, Lui, il ne peut jamais nous oublier dans sa Miséricorde.

Que la Vierge Marie nous donne la grâce de revenir toujours au sacrement de la Miséricorde.

P. Luis Martinez. V. E.

Monastère « Bx . Charles de Foucauld »