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” Si tu Le comprenais, ce ne serait pas Dieu “

Dimanche de la Sainte Trinité

L’Eglise nous invite à célébrer ce dimanche la sainte Trinité, nous célébrons donc le mystère le plus intime de Dieu.

Ce que distingue notre religion des autres c’est précisément et tout d’abord ce mystère.

Nous sommes monothéistes, c’est-à-dire que nous croyons en un seul Dieu, un Dieu unique. Mais notre Dieu est Trinité, comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique :

« Les chrétiens sont baptisés ” au nom ” du Père et du Fils et du Saint-Esprit et non pas ” aux noms ” de ceux-ci (cf. Profession de foi du pape Vigile en 552 : DS 415) car il n’y a qu’un seul Dieu, le Père tout puissant et son Fils unique et l’Esprit Saint : la Très Sainte Trinité (C. Eg. C. 232) .

Ainsi, le mystère de la Trinité nous serait encore inconnu, si Notre Seigneur Jésus-Christ ne l’avait pas révélé dans les évangiles. C’est Jésus qui nous l’a fait connaître. Il nous a révélé que Dieu est amour “non dans l’unité d’une seule personne, mais dans la Trinité d’une seule substance” (Préface). Trois Personnes qui sont un seul Dieu parce que le Père est amour, le Fils est amour, l’Esprit est amour. Dieu est tout et uniquement amour, amour très pur, infini et éternel (Benoît XVI 07-06-2009). Il ne vit pas dans une splendide solitude, mais il est plutôt source intarissable de vie qui se donne et se transmet sans cesse. Notre Dieu est un seul Dieu, mais Il n’est pas un Dieu solitaire, Il vit dans une éternelle communion d’amour.

Mais, le mystère de Dieu nous dépasse toujours. Dieu, en se révélant, demeure mystère ineffable : ” Si tu Le comprenais, ce ne serait pas Dieu ” (S. Augustin, serm. 52, 6, 16 : PL 38, 360).

Nous savons que Dieu est une Trinité Sainte, mais comment nous unissons-nous à Lui, à Dieu ?

Cela se fait essentiellement à travers trois vertus, appelées les vertus théologales (Theos, du grec : Dieu).     

Vertu vient du latin, « virtus » et signifie « force », c’est dire que la vertu est une force pour réaliser une œuvre.

Les vertus théologales se réfèrent directement à Dieu. Elles disposent les chrétiens à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu Un et Trine pour origine, pour motif et pour objet, et nous ordonnent donc à Dieu.

Les vertus théologales sont trois :  la foi, l’espérance et la charité.  

Pourquoi avons-nous besoin de ces trois vertus ? Comme réponse nous disons que toute vertu (comme une force) aide l’homme à faire des actes qui le conduisent vers la béatitude. Or il y a pour l’homme une double béatitude ou félicité. L’une est proportionnée à la nature humaine, c’est-à-dire que l’homme peut y parvenir par les principes mêmes de sa nature. L’autre est une béatitude qui dépasse la nature de l’homme (c’est la contemplation de Dieu au Ciel); il ne peut y parvenir que par une force divine, moyennant une certaine participation de la divinité, comme le dit S. Pierre dans sa deuxième lettre (1,4), :par le Christ nous avons été faits « participants de la nature divine ». Il faut donc que Dieu surajoute à l’homme des principes par lesquels il soit ordonné à la béatitude surnaturelle. Ces principes surajoutés sont appelés vertus théologales, d’abord parce qu’elles ont Dieu pour objet en ce sens que nous sommes grâce à elles bien ordonnés à Lui, et aussi parce qu’elles sont infusées en nous par Lui seul, et enfin parce qu’elles sont portées à notre connaissance uniquement par la révélation divine dans la Sainte Écriture (c’est Dieu qui les a fait connaître) (Somme Théologique, I-II, q. 62, a. 1 corpus).

Les vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité, doivent être au centre de notre vie. Car, être chrétien est avant tout croire en Dieu, espérer tout de Lui et L’aimer et aimer le prochain avec tout notre cœur. Tous les aspects de la vie chrétienne (la prière, les sacrements, les autres grâces que nous recevons de Dieu) ne poursuivent aucun autre but que nous faire grandir dans la foi, l’espérance et la charité. C’est pour cette raison que l’apôtre saint Paul comparait ces trois vertus à des armes que possède tout chrétien pour combattre le bon combat de sa sanctification : « soyons vigilants et restons sobres ; mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut » 1 Thes. 5,8.

Vertu de la Charité

Les vertus théologales ont comme finalité de rétablir notre nature blessée par le péché originel en s’opposant aux mauvais penchants de notre nature à cause du péché. Et de permettre en même temps, que le chrétien soit fort pour continuer son chemin vers le salut.

Quand reçoit-on ces vertus ? Elles sont des dons que Dieu nous donne lors de notre baptême, elles sont en germe à ce moment et vont s’accroître tout au long de notre vie à travers la réception des sacrements, la connaissance de notre religion et l’accomplissement de bonnes œuvres.

Elles diminuent, par contre, et risquent de disparaître à cause du péché véniel. Quand au péché mortel, il détruit la charité dans notre âme et laisse la foi et l’espérance sans la possibilité d’être vivifiées par l’amour, disons en état informe, sans y adjoindre la forme de la charité.

Nous devons dire aussi que ces trois vertus sont toujours ensemble dans l’âme en grâce et grandissent et diminuent ensemble; en effet, si l’on fait du mal à quelqu’un ou bien si on le hait, non seulement on blesse la charité envers le prochain, on blesse la charité envers Dieu , la foi et l’espérance, car la vie de l’âme est un organisme étroitement uni.

Contrairement à ce que beaucoup de chrétiens pensent, ces trois vertus sont éminemment pratiques, les possède seulement celui qui les vit. Et pour cette raison nous pouvons trouver beaucoup de savants en théologie ou des religieux « de profession » à qui manquent de ces vertus, comme cela se produit aussi avec les chrétiens d’étiquette, ceux qui se confessent chrétiens mais qui ne vivent pas comme tels. 

Voyons maintenant comment elles sont pratiques dans nos vies.

Vertu de la Foi

D’abord, la foi. Elle est une lumière divine par laquelle nous sommes capables de reconnaître Dieu, de voir Sa main dans les évènements de nos vies (Providence) et de voir toutes les choses comme Lui-même les voit, c’est-à-dire comprendre les choses de Dieu.

La foi est une rencontre avec Dieu, une véritable adhésion à Lui, elle est vitale, doit changer notre vie et se montre dans notre façon de vivre, « le juste dit la bible, vit de la foi ». La foi n’est pas un sentiment, mais une connaissance intime de Dieu et pour cela, la foi peut se montrer de manière admirable dans les moments d’épreuves, dans les douleurs, la souffrance.

Il faut aussi savoir que la foi est objective, cela veut dire que nous devons croire en Dieu non pas comme nous le voudrions, c’est-à-dire selon notre plaisir ou notre goût personnel, mais comme Il a voulu se révéler par Sa Parole, la Parole de Dieu que nous avons reçue par l’Eglise. Et les dogmes et les lois de l’Eglise nous aident, nous illuminent et nous rendent plus sûrs le chemin de notre foi.

Maintenant l’Espérance : à travers cette vertu nous désirons Dieu comme notre bien suprême et cherchons à atteindre la vie bienheureuse, en nous donnant les moyens appropriés pour cette fin.

Vertu de l’Espérance

Que fait-elle, quels sont ses effets dans notre âme ?  Elle oriente notre pensée au Ciel et nous pousse à désirer la possession de Dieu, nous détachant des choses de ce monde. Elle rend efficaces nos pétitions et nous donne la persévérance et le courage pour continuer la lutte en vue de notre sanctification. L’espérance nous stimule pour faire connaître Dieu aux autres, pour que tous arrivent à la possession de Dieu. 

Et finalement la charité. Elle est la vertu par laquelle nous pouvons aimer Dieu et nos frères et sœurs pour Dieu. Par la charité et dans la charité, Dieu nous fait participer de sa nature qui est l’Amour.

Voyons comment cet amour qui nous unit à Dieu doit aussi se répandre sur tous les hommes.

L’amour est sincère et pur, n’est pas en apparence. Jésus regardait le cœur des gens, et pour cela Il bénissait la pécheresse repentie mais condamnait l’hypocrisie des pharisiens.

L’amour se donne, est un don. Et cela nous pousse à regarder les besoins des autres. Comme Jésus qui guérissait les corps et les âmes.

L’amour est miséricorde et pardon, c’est l’expression la plus belle de l’amour de Dieu, c’est la meilleure façon de savoir que Dieu habite en nos cœurs, si vraiment nous avons des sentiments de pardon et de miséricorde envers ceux qui nous font du mal, ou nous déplaisent.

L’amour est universel, il se dirige vers tous, Dieu aime tous mais Il déteste le mal qui habite dans le cœur des hommes ; nous devons chercher à aimer de la même façon. Mais l’amour de Dieu est aussi « délicat », dans le sens qu’Il sait de quoi nous avons besoin et se manifeste parfois dans les petits gestes . Notre amour doit donc revêtir ces mêmes caractéristiques.

Demandons, en ce jour, la grâce d’avoir toujours en nous cette intime amitié avec Dieu, de vivre profondément ces trois vertus théologales et de grandir toujours en elles.

P. Luis Martinez IVE.

Solennité de Tous les Saints

Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves. Lc. 22, 28

 

imagesLes saints manifestent de différentes manières la présence puissante et transformatrice du Ressuscité; ils ont laissé le Christ se saisir si pleinement de leur vie qu’ils peuvent affirmer avec saint Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20). Suivre leur exemple, recourir à leur intercession, entrer en communion avec eux, «nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même» (Conc. Œc. Vat. II, Const. dogm. Lumen Gentium n. 50).

Que veut dire être saint? Qui est appelé à être saint?

On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle du grand dessein de Dieu et affirme: «C’est ainsi qu’Il (Dieu) nous a élus en lui (le Christ), dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour» (Eph. 1, 4). Et il parle de nous tous. Au centre du dessein divin, il y a le Christ, dans lequel Dieu montre son Visage: le Mystère caché dans les siècles s’est révélé en plénitude dans le Verbe qui s’est fait chair.

La sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne.

Quelle est l’âme de la sainteté?

Le Concile Vatican II précise à nouveau: «Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui (cf. 1 Jn 4, 16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit s’ouvrir à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3, 14; Rm 13, 10), oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin» (Lumen Gentium, n. 42)

Qu’est-ce qui est essentiel?

Il est essentiel de ne jamais laisser passer un dimanche sans une rencontre avec le Christ Ressuscité dans l’Eucharistie; cela n’est pas un poids en plus, mais une lumière pour toute la semaine. Il ne faut pas commencer ni finir une journée sans avoir au moins un bref contact avec Dieu. Et, sur la route de notre vie, suivre les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués dans le décalogue lu avec le Christ, qui est tout simplement l’explicitation de ce qu’est la charité dans des situations déterminées. «C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable disciple du Christ» (Lumen Gentium, n. 42). Telle est la véritable simplicité, grandeur et profondeur de la vie chrétienne, du fait d’être saints.saints

 Au cours de l’Année liturgique, l’Eglise nous invite à faire mémoire d’une foule de saints, c’est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. Ils nous disent qu’il est possible pour tous de parcourir cette voie. A toute époque de l’histoire de l’Eglise, à toute latitude de la géographie du monde, les saints appartiennent à tous les âges et à tous les états de vie, ils ont le visage concret de chaque peuple, langue et nation. Et ils sont de types très divers. En réalité, je dois dire qu’en ce qui concerne ma foi personnelle également, de nombreux saints, pas tous, sont de véritables étoiles dans le firmament de l’histoire. Et je voudrais ajouter que pour moi, ce sont non seulement certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui «indiquent la voie», mais précisément les saints simples également, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie, qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. Cette bonté, qu’elles ont mûrie dans la foi de l’Eglise, est pour moi la plus sûre apologie du christianisme et le signe qui indique où se trouve la vérité.

Dans la communion des saints, canonisés et non canonisés, que l’Eglise vit grâce au Christ dans tous ses membres, nous jouissons de leur présence et de leur compagnie et nous cultivons la ferme espérance de pouvoir imiter leur chemin et partager un jour la même vie bienheureuse, la vie éternelle.

Benoît XVI. Audience Générale – 13 avril 2011
Source: www.vatican.va